Un séminaire pour découvrir tout le potentiel de Cuba

Cuba libre

De g. à d.: Jean-Serge R. Dias de Sousa, attaché économique et commercial à Cuba, Ben Nupnau, conseiller, chargé des relations avec Cuba, Service européen pour l’Action extérieure, Alain Bodeux, directeur administratif, BDC International, Legrá

Le 25 avril, la Chambre de Commerce a organisé un séminaire sur Cuba, un pays en pleine mutation, suite à l'accord historique scellé en décembre dernier avec le Club de Paris pour restructurer sa dette et au réchauffement des relations avec les Etats-Unis.

Malgré l'embargo américain, en place depuis plus de 50 ans et assoupli en décembre 2014, suite à la reprise des relations diplomatiques annoncée conjointement par Barack Obama et Raul Castro, Cuba est la première économie des Caraïbes et possède un niveau de développement plus qu'honorable.

En 2015, l'économie cubaine a cru de 4% et d'après " The Economist ", cette croissance devrait même s'accélérer sur la période 2015-2030 pour atteindre une moyenne annuelle de 5.1%. Destination touristique "de rêve", l'île détient également la cinquième plus grande réserve au monde de nickel et occupe la sixième place dans le classement des économies d'Amérique latine, Caraïbes inclues.

Longtemps considéré comme un état paria, la situation a commencé à évoluer dès la prise de fonction de Raul Castro. Ce dernier avait alors annoncé des réformes économiques " structurelles et conceptuelles " (les fameuses " Lineamientos de la Politica Economica y Social del partido y la revolucion ", destinées à rendre plus efficace et productif le modèle socialiste).

Aujourd'hui, avec l'accord historique scellé en décembre dernier avec le Club de Paris pour restructurer sa dette sur laquelle le pays avait fait défaut en 1986, Cuba a entamé, semble-t-il, une réelle mutation. C'est pourquoi la Chambre de Commerce avait décidé d'organiser un séminaire. Les besoins en matière de modernisation et développement des infrastructures (notamment pour le développement du tourisme) sont énormes et les opportunités sont nombreuses, que ce soit au niveau des énergies renouvelables, du dessalage de l'eau de mer, de l'ICT ou encore au niveau de la modernisation de l'industrie agroalimentaire et sidérurgique.

De plus, la promotion de l'investissement étranger est l'une des actions stratégiques les plus importantes dans le processus de mise à jour de son modèle économique entamé par l'île.

Après un discours d'ouverture retraçant de manière synthétique l'évolution de Cuba ces dernières années et les relations bilatérales avec le Luxembourg prononcé par Jeannot Erpelding, directeur des Affaires Internationales à la Chambre de Commerce, c'est ce thème qui a été présenté plus en détails par Susana Legrá Durán, conseillère en Affaires économiques et commerciales auprès de l'ambassade de Cuba en Belgique.

Chaque année, Cuba réunit un portefeuille de projets de développement, répartis sur différents secteurs. Pour 2016, 326 projets répartis en 12 secteurs sont ainsi à l'agenda du développement de l'île. Bien que les projets liés au secteur du tourisme restent dominants, d'importants appels d'offres seront également lancés en lien avec les secteurs de l'énergie (et plus précisément de l'énergie renouvelable), l'industrie, le commerce de gros, le transport ou encore l'agro-alimentaire où le Grand-Duché pourrait avoir une carte à jouer.

Jean-Serge R. Dias de Sousa, attaché économique et commercial de Brussels Invest & Export à Cuba a complété de dresser le portrait de l'économie cubaine en détaillant notamment les secteurs clés de l'économie cubain et les derniers développements suite au dégel des relations entre les USA-Cuba et les accords avec le Club de Paris. Aussi, pour inciter les investissements étrangers et stimuler l'innovation technologique et le développement durable, Cuba a également mis en place une zone spéciale de développement économique à Mariel, situé à 45 km à l'ouest de la capitale dont Jean-Serge R. Dias de Sousa a expliqué le fonctionnement. Avec Mariel, le gouvernement espère pouvoir créer de nouveaux emplois et attirer du capital pour mettre en route l'expansion économique dans le pays entier. Des incitants fiscaux ont également été mis en place.

Globalement, une véritable révision du modèle économique est en cours grâce à la diminution des subventions, l'ouverture à l'initiative privée et le développement massif des infrastructures touristiques et logistiques ont été mis en place. Malgré ces évolutions positives, le pays a encore de nombreuses faiblesses, dont, entre autres une économie encore trop centralisée avec un rôle prépondérant du secteur public et une vulnérabilité face aux événements climatiques et aux fluctuations importante des prix des matières premières.... C'est pour ces différentes raisons que l'Office du Ducroire, qui était représenté par Charles-Emmanuel de Ribaucourt, analyste crédit, se montre encore fort réticent et continue d'accorder à l'île la note la plus élevée en termes de risque-pays. Aussi, à court terme, l'assureur-crédit se déclare toujours très restrictif et n'envisage pas d'offrir de couverture sur les transactions à moyen et long terme.

Cette position pourra néanmoins évoluer au fil de l'avancement des négociations en cours entre l'Union européenne et Cuba et qui ont connu un coup d'accélérateur le 11 mars dernier, grâce à la signature d'un accord pour normaliser les relations, gelées depuis 1996 et qui a marqué une nouvelle étape vers l'établissement d'une complète coopération économique entre les 28 états-membres et le régime communiste cubain. Ben Nupnau, conseiller, chargé des relations avec Cuba auprès Service européen pour l'Action extérieure avait spécialement fait le déplacement de Bruxelles pour donner un aperçu de cet accord, détailler son contexte et ses enjeux pour les échanges commerciaux.

Alain Bodeux, directeur administratif auprès de BDC International, a conclu le séminaire en apportant son témoignage sur Cuba. BDC International étant une société belge, active depuis près de 30 ans sur l'île dans le domaine de la distribution et de la réalisation de projets clés en mai, celui-ci a été fort utile, non seulement pour comprendre les subtilités du marché, mais également la manière de l'aborder culturellement.

Si le Grand-Duché et Cuba ne sont pas encore très liés économiquement, un lien particulier a toujours existé entre ces deux pays, puisque la Grande-Duchesse est elle-même d'origine cubaine. Les deux pays sont au moins déjà étroitement liés... sentimentalement.

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