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D’une tempête à l’autre : Les entreprises ont besoin d’un Gouvernement qui tienne le cap

Affaires économiques

Conférence de presse de fin d’année 2025

de g.à d. : Lucie Martin, senior economist, Christel Chatelain, directrice des Affaires Economiques, Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce. © Charly Petit / Chambre de Commerce

L’environnement dans lequel évoluent les entreprises luxembourgeoises s’est transformé en profondeur depuis 2020. Les chocs successifs au niveau mondial, loin de s’atténuer, se cumulent, impactant négativement la rentabilité et la compétitivité des entreprises. Bien que le gouvernement luxembourgeois ait fixé le cap pour soutenir une relance économique, les remèdes restent souvent trop timides et manquent d'ambition face aux multiples défis qui découlent du climat des affaires instable et porteur de risques. Dans ce contexte, la Chambre de Commerce appelle à une mobilisation politique rapide et coordonnée pour restaurer la confiance et renforcer la compétitivité du pays. Des leviers existent : instaurer un cadre réglementaire plus pragmatique et prévisible, maîtriser les coûts de production (notamment les coûts salariaux) trop élevés qui pèsent sur les entreprises, préserver une trajectoire budgétaire soutenable et redonner au tissu productif les marges de rentabilité nécessaires pour investir et innover. 

 Après la crise sanitaire, la saturation des chaînes d’approvisionnement, la crise énergétique puis inflationniste, l’invasion de l’Ukraine qui a fait basculer l’environnement géopolitique mondial, l’année 2025 a été marquée par l’instauration de droits de douane renforcés aux États-Unis. Ces derniers ont accru l’incertitude commerciale à des niveaux jamais observés depuis quinze ans. Dans le même temps, les tensions géopolitiques, en Europe comme au Moyen-Orient ou en Asie, aggravent encore cette instabilité. 

« À l’heure où les risques globaux sont plus interconnectés que jamais, le Luxembourg doit renforcer sa résilience en s’attaquant aux facteurs qui freinent sa productivité et son attractivité », souligne Carlo Thelen, Directeur général de la Chambre de Commerce. « Plus que jamais, il faut donner à nos entreprises de la visibilité, de la prévisibilité, alléger le coût du travail et arrêter la surrèglementation. Il faut replacer la compétitivité de l'économie et la rentabilité des entreprises au cœur de l’action publique. » 

L’anémie européenne 

Dans ce contexte mondial frémissant, l’Europe est à la peine. Les perspectives économiques du continent demeurent anémiques, avec une croissance qui reste significativement inférieure à celle des États-Unis. Si certaines économies européennes bénéficient d’un dynamisme réel, une partie importante du continent demeure enfermée dans une trajectoire de stagnation prolongée. « Pour une économie aussi ouverte et dépendante de ses partenaires commerciaux que le Luxembourg, cette situation génère des risques immédiats et persistants », observe Christel Chatelain, Directrice des Affaires économiques. 

Le Luxembourg traverse une période de ralentissement inédit. La panne de croissance observée depuis 2022 rompt ainsi avec des décennies durant lesquelles le pays s’était distingué par son dynamisme économique. Dans ce contexte, l’emploi demeure résilient, mais sa progression se ralentit sensiblement, au point que les entreprises anticipent désormais majoritairement une stagnation des effectifs. L’économie apparaît suspendue dans une zone grise : ni contraction massive, ni véritable redémarrage. Elle subit surtout les conséquences néfastes d’une productivité stagnante. Cette absence de vitalité structurelle nourrit chez les dirigeants d’entreprise une perception accrue d’incertitude et un pessimisme prudent, mais persistant. La situation reste particulièrement préoccupante dans les secteurs en amont et en aval de la construction. 

Une confiance toujours loin du niveau d’avant 2020 

Le score global du Baromètre de l’Économie du 2ème semestre 2025 atteint 51,8 sur 100, un niveau qui confirme l’absence de reprise. Les réponses des 757 entreprises répondantes d’au moins 6 salariés montrent que la confiance des chefs d’entreprise dans l’avenir de l’économie luxembourgeoise continue de s’éroder et ne retrouve plus les niveaux observés avant 2020 : seuls 67% d’entre eux se déclarent confiants ou très confiants, contre près de 90% il y a cinq ans. Fait notable, les entreprises demeurent sensiblement plus optimistes quant à leur propre avenir (72%) que quant à celui de l’économie nationale. Cette dissociation est devenue structurelle depuis la crise énergétique : elle traduit une capacité de résilience interne encore affirmée, mais aussi une lucidité quant aux fragilités de l’environnement général et aux faiblesses structurelles du pays. 

Le Baromètre de l’Économie révèle également que l’activité des derniers mois a été moins dynamique qu’escompté. Alors que 18% des entreprises tablaient sur une baisse de leur activité, ce sont finalement 30% qui déclarent une contraction sur le semestre écoulé. Les perspectives à court terme ne dessinent pas non plus un rebond : une majorité d’entreprises s’attendent à une activité stable. Mais cette stabilisation reste fragile et insuffisante pour enclencher un cycle de croissance.Dans ce contexte, l’Enquête Economique d’Eurochambres – dont les questions sont intégrées au Baromètre de l’Économie – met en évidence les grands défis anticipés par les entrepreneurs au Luxembourg. Les trois principaux freins identifiés par les entreprises pour 2026 sont structurels : le coût du travail, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, mais aussi le poids réglementaire qui ne diminue pas, malgré les annonces politiques en ce sens aux niveaux national et européen. Ces résultats, en particulier concernant la main-d’œuvre, se révèlent récurrents d’une année sur l’autre et s’inscrivent dans la continuité des grandes tendances observées à l’échelle européenne. 

Au-delà de la conjoncture, les entreprises expriment une inquiétude grandissante quant aux risques à venir. Elles identifient en tête la volatilité des prix – tant en général que pour l’énergie et les matières premières –, les tensions commerciales, les risques financiers et cyber. Pourtant, malgré cette conscience aiguë des menaces, 67% d’entre elles n’ont pris aucune mesure d’anticipation ou de gestion spécifique. Ce paradoxe témoigne d’un climat où l’incertitude est à la fois reconnue et subie, mais difficilement intégrée dans les stratégies opérationnelles. 

La confiance est le moteur essentiel de toute dynamique économique 

Le Baromètre de l’Économie montre clairement que la confiance ne se répare pas seule. Elle se reconstruit avec des signaux politiques ambitieux, mais concrets, des réformes structurelles courageuses et un cadre compétitif renforcé. Le Luxembourg doit retrouver sa capacité d’attractivité pour relancer son moteur économique dans une Europe en perte de vitesse.  

Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce. © Charly Petit / Chambre de Commerce
Christel Chatelain, directrice des Affaires Economiques © Charly Petit / Chambre de Commerce
© Charly Petit / Chambre de Commerce