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Freddy Lodomez qui a acheté le château en 2005 ; Yves Karier, conseiller PME guichet unique ; Diana Lodomez, public relation manager du Château d’Urspelt ; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce et Yannick Ruth, general manager

A deux pas de Clervaux, cité médiévale du nord du Grand Duché, le château d'Urspelt est à la fois le rêve un peu fou de son acquéreur, Freddy Lodomez, qui à l'époque achète une " quasi-ruine " et de la passion de sa fille et de son mari, Diane et Yannick Ruth désormais aux commandes. Une histoire de vieilles pierres et une histoire de famille, qui ont su faire de l'endroit un petit bijou au cœur du parc naturel de l'Our.

Si la première construction sur le site du château date du XIIe siècle, son origine remonte à plus de 300 ans. Trois siècles durant lesquels le bâtiment a connu pas mal de bouleversements. En 1862, Armand Bouvier en devient le " seigneur " et y accomplit de grands travaux de rénovation, s'attardant tout particulièrement sur les jardins, dont le dessin d'ensemble a jusqu'aujourd'hui gardé son empreinte, notamment la merveilleuse allée bordée d'ormes, des arbres exceptionnels devenus rares dans la région.

A la Seconde Guerre mondiale, le château subit de nombreux dégâts. Réquisitionné par les Allemands, il devient un poste de commandement local pour le nord du Luxembourg, puis est récupéré par des soldats américains qui s'y installeront durant le rude hiver 1944. Pour se chauffer, ils arracheront et brûleront d'ailleurs une partie des précieuses boiseries. Laissé à l'abandon par ses propriétaires depuis la Seconde Guerre mondiale, le château disparaît ensuite sous une végétation envahissante, jusqu'en 2005, date à laquelle Freddy Lodomez, entrepreneur passionné de restauration et de patrimoine, en tombe littéralement amoureux et décide de l'acquérir pour le faire renaître. Un travail titanesque ! Les travaux dureront 3 ans durant lesquels une centaine d'artisans œuvreront sans relâche pour redonner au château son éclat et sa beauté d'antan.

Aujourd'hui le château abrite 29 chambres classées 4 étoiles, luxueusement aménagées, une " suite nuptiale ", deux espaces bien-être avec sauna, spa, hammam, salle de relaxation et solarium, une grande salle à manger, trois salons et deux salles de séminaires parfaitement équipées. Il est relié par le portique monumental à l' " Ancienne ferme " qui abrite la partie " réception " composée d'un restaurant-brasserie avec terrasse, de la grande salle de gala aménagée sous les combles et pouvant accueillir jusqu'à 500 personnes. Quand aux espaces extérieurs, ils s'articulent autour de la grande cour pavée centrale et disposent d'un magnifique parc avec fontaine, d'un verger de 2 hectares et d'un parking. Des travaux sont en cours et devraient agrandir encore la capacité d'accueil des hôtes du château, qui emploie aujourd'hui 25 personnes pour un chiffre d'affaires de quelque 2 millions d'euros.

Depuis la première phase de travaux, le château d'Urspelt a été classé " Monument national luxembourgeois " en raison de son intérêt historique, architectural et esthétique.

Entretien avec Yannick Ruth, general manager

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Nous agrandissons la capacité hôtelière du château par l'ajout d'une nouvelle aile de 1800 m2 sur trois niveaux. Cette extension comprend, entre autres, 26 nouvelles suites portant la capacité à terme de 56 chambres et suites. Parallèlement, le renouvellement des équipements actuels se poursuit, ainsi que certains projets annexes.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

D'avoir pu contribuer à mon humble échelle à la renaissance d'un endroit un peu oublié alors qu'il fait partie du patrimoine national, et de lui avoir redonné vie et une viabilité économique et une autonomie financière satisfaisante. Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ? D'un point de vue opérationnel, la difficulté croissante et l'énergie qu'il faut pour constituer une équipe solide, efficace et professionnelle. D'un point de vue économique, l'accès au financement pour nos projets d'infrastructures touristiques, spécifiquement pour un bien atypique comme le nôtre, me semble encore perfectible.

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?

En tant qu'opérateur, nous avons perçu une évolution appréciable de la volonté politique de supporter et d'encourager le secteur touristique, et ce depuis notre installation en 2008. La promotion de la destination Luxembourg me semble en bonne voie. Il subsiste cependant certaines dispositions légales et sociales en porte à faux complet avec les spécificités opérationnelles touristiques. Je pense plus particulièrement à la taxation complémentaire des heures supplémentaires prestées, en contradiction avec la flexibilité horaire demandée dans nos métiers. J'ajouterais également que les dispositions actuelles en ce qui concernent les dimanches et jours fériés prestés nous handicapent en termes de coûts du travail et limitent nos possibilités d'embauche, en plus de limiter nos performances lors des périodes de forte demande. Je reste tout de même persuadé qu'une évolution reste possible, grâce à la bonne volonté de l'ensemble des acteurs qui pourraient se ressembler autour de la table pour en discuter. La Chambre de Commerce me semble être le maître d'hôtel idéal pour fixer l'heure du repas et rassembler les convives pour construire ensemble le tourisme luxembourgeois de demain. J'ai d'ailleurs quelques suggestions pour le menu....

Texte : Corinne Briault - Photos : Pierre Guersing