Lili's Bubble Dreams - Lili's Bubble Dreams pour des savons 100% naturels

Start-Up

Il y a un peu plus de trois ans, Liliana Horta Coelho a eu l’idée de créer ses propres savons. Depuis, la passion ne la quitte plus. D’où l’idée pour cette jeune cheffe d’entreprise luxembourgeoise, d’origine portugaise, de lancer une gamme de savons et autres produits à base de matières premières naturelles et labélisés « Made in Luxembourg », qu’elle commercialise par le biais de sa boutique en ligne, entièrement dédiée au bien-être.

Comment l’idée de vous lancer dans la fabrication de savons est-elle née ?
« J’ai toujours été une adepte de produits naturels et d’huiles. Jeune maman de deux enfants et soucieuse du bien-être de ma peau et de celle de ma famille, j’ai été longtemps en quête des bons produits. La douche était une véritable torture pour moi ! Souffrant de problèmes de peau, et voyant mes enfants avoir les mêmes allergies, j’ai voulu y remédier. Un jour, je suis tombée sur un livre ayant pour titre Comment faire du savon ?. Je l’ai lu, relu et pris des notes… Ma première recette a été un savon à barbe pour mon mari. Je m’en souviens encore...
Il a adoré ! Depuis nous n’utilisons que des produits que je fabrique, que ce soit des savons, des crèmes, des baumes et parfois aussi des shampooings ou des après-shampooings. Et pour monsieur, il y a même un soin de rasage et après-rasage. Fini les allergies ! (Rires…) Puis, j’ai commencé à faire des savons pour mes proches et mes amis, jusqu’au jour où une amie m’a suggéré d’en faire un commerce. C’était en octobre 2011. Je me suis lancée en avril 2012 !

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
« Je travaille actuellement à mi-temps comme assistante parentale après des études d’infirmière et 10 ans passés en gériatrie où j’étais aide-soignante. Puis j’ai voulu dédier un peu de mon temps à mes enfants. Je suis passée du 3e âge au 1er âge ! J’ai dû contracter un prêt pour lancer mon activité. Je ne peux pas encore me consacrer à temps plein à mon entreprise. Pour l’heure, je reçois des commandes sur mon site et je les prépare. Je réalise également des commandes pour des baptêmes, des communions… Le bouche à oreille marche assez bien. J’écoule environ 400 savons par an au prix moyen de 7,60 euros pièce.

Comment vos savons se différencient-ils des produits du commerce ?
« Un corps sain offre une peau saine. D’où l’importance de la respecter avec des produits naturels, exempts de produits irritants et agressifs que l’on trouve dans les savons du commerce. Mes savons sont fabriqués essentiellement à base de soude caustique qui a comme propriété de dissoudre les graisses et la saleté, à laquelle j’ajoute des huiles végétales bio ou huiles essentielles. L’huile d’argan ou l’huile de rose musquée, par exemple, sont magnifiques pour la peau et lui confèrent une action régénératrice et nourrissante ! La fabrication du savon s’effectue en plusieurs étapes : il va d’abord réagir et s’affiner pendant les premières 48 h. C’est ce qu’on appelle la ‘saponification’, étape pendant laquelle les acides gras des huiles ou beurres végétaux et la soude caustique vont se transformer en savon et en glycérine naturelle végétale, bonne pour la peau. Il faut attendre quatre semaines de ‘cure’ avant de pouvoir utiliser un savon. C’est le temps nécessaire pendant lequel le savon va s’affiner et sécher. La saponification de mes savons se fait à froid, une méthode coûteuse, mais qui préserve les propriétés des plantes, sans faire intervenir des produits issus de l’industrie pétrochimique. Pendant le séchage, le pH baisse pour devenir moins basique, proche du pH de la peau. Les huiles essentielles naturelles et beurres végétaux utilisés proviennent pour la plupart de l’agriculture biologique certifiée. Je prends le plus grand soin à choisir des matières premières de qualité. Les colorants minéraux utilisés sont également naturels. Les savons naturels sont biodégradables et donc respectueux de l’environnement. De plus, ils sont certifiés ‘BFP’ (‘bonnes pratiques de fabrication’), car les moules utilisés ne laissent aucune molécule s’échapper dans le savon.

Comment avez-vous financé votre société et quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
« Franchir le pas a été compliqué. Il a fallu que je fasse un prêt bancaire, ce qui n’a pas été facile ! J’ai dû me familiariser avec le règlement cosmétique européen qui a changé en 2013, quelque temps après le lancement de mon activité ! Derrière chaque nouvelle recette de savon, il y a un document comprenant les certificats d’analyse des matières premières et les MSDS (Material Safety Data Sheet). Les tests sur les animaux sont interdits en Europe. Je teste tout sur moi. Avec mon type de peau fragile, si je réagis, je ne commercialise pas le produit. Je teste le toucher, la glisse, la tenue, la mousse, son onctuosité... Ensuite, il faut s’adresser à un ‘safety assessor’, un expert indépendant qui permet d’évaluer et de valider la qualité et la sécurité du produit. Il s’agit généralement d’un chimiste diplômé qui certifie la formule.
Chaque nouvelle recette d’un produit cosmétique nécessite une nouvelle certification. L’attente est d’un à deux mois pour obtenir une certification. Après cela, il y a la notification du produit au CPNP européen (Cosmetic Products Notification Portal). J’ai effectué des recherches pendant trois mois en matière de réglementation pour les cosmétiques en Europe. Chaque certification est payante et coûte entre 1.000 et 1.500 euros par dossier. Heureusement, j’ai pu réduire la facture en cherchant sur internet et c’est en Angleterre que j’ai trouvé un service à un prix intéressant, proposé par des safety assessors pour les petits producteurs comme moi. Mais encore fallait-il le savoir !
S’ajoutent à cela les fluctuations de prix des matières premières. Tout ce qui est naturel est cher et les prix varient d’une année sur l’autre en fonction des récoltes. Par exemple, en 2013, un kilo de noix de macadamia coûtait 11 euros, contre 31 euros en 2014 !

Avez-vous pensé au label « bio » étant donné la nature de vos produits ?
« Bien sûr ! Mais parfois, il suffit d’un faible pourcentage de bio pour obtenir le label ! Or dans mes produits, tout est bio. J’ai préféré opter pour le label ‘Certisys’, un organisme de contrôle et de certification spécialisé en produits biologiques, actif en Belgique, au Luxembourg et au niveau mondial. Ce réseau apporte une aide précieuse aux petits producteurs, comme moi. Les produits sont analysés, il y a plus de contrôles et les substances chimiques sont moins tolérées.

Travaillez-vous seule et avez-vous reçu un soutien particulier ?
« Pour l’heure, je travaille seule. Je n’ai pas de formation spécifique. La passion me guide et j’ai tout appris seule. Le secteur du cosmétique est un secteur un peu particulier. Il n’y a pas de structure spécialisée au Luxembourg. En Grande Région, ces structures existent et je suis souvent redirigée vers la Belgique.
En 2014, j’avais été invitée par la Chambre de Commerce pour que ma société soit représentée sur un stand commun organisé par la Chambre lors de la Foire de printemps. Cette action m’a donné une belle visibilité. Je participe aux marchés locaux, comme ‘Lët’z Go Local’ qui met en avant les produits luxembourgeois, la qualité et le savoir-faire. Fin octobre, j’ai prévu des ateliers cosmétiques à la ‘Haus vun der Natur’ à Kockelscheuer. J’ai aussi le souhait de participer à l’Oekofoire, dès que je serai labellisée ‘biologique’. Le label ‘Made in Luxembourg’ que m’a accordé la Chambre de Commerce a fait que j’ai été prise tout de suite plus au sérieux. Les produits ‘certifiés’ sont plus crédibles et il y a moins d’hésitation à l’achat ! Suite au label, les entreprises m’ont contactée pour des cadeaux de fin d’année.

Auriez-vous un conseil à donner à un jeune entrepreneur qui souhaite se lancer ?
« Patience et volonté sont nécessaires. Il faut sans cesse s’informer, sans jamais perdre de vue son objectif et sans se décourager. Ma motivation est de faire découvrir la magie des plantes et favoriser le respect de la nature. Quand on démarre seul, il faut se battre deux fois plus ! J’ai d’autres projets, comme la fabrication de crèmes, quand j’aurai les budgets.
Il faut prévoir six mois pour les contrôles avant la mise sur le marché d’une crème. Mais je suis têtue, donc ça se fera ! Cette année, j’ai pris des vacances pour la première fois depuis trois ans. J’ai presque perdu le mode d’emploi pour m’occuper pendant les vacances ! (Rires…) »

www.bubble-dreams.eu

 

Texte : Marie-Hélène Trouillez - Photos : Gaël Lesure