Plus de 700 entrepreneurs font entendre leur voix dans l'hémicycle de Bruxelles

La délégation luxembourgeoise (de g. à dr.) : M. Michel Wurth, président de la Chambre de Commerce (Arcelor Mittal), M. Frank Wagener (Dexia BIL S.A.), M. Pierre Gramegna, directeur de la Chambre de Commerce (debout), M. Jean J. Schintgen (Horesca A.s

Rarement le Parlement européen aura fait autant salle comble. Il était en effet difficile de trouver ce 14 octobre un siège vide dans l'hémicycle à Bruxelles. Plus de 700 entreprises européennes avaient fait le déplacement de 45 pays différents pour remplacer l’espace d’un jour les ténors habituels de la politique européenne et pour recréer une véritable session parlementaire au sein du Parlement européen. Au centre du débat : la suppression des obstacles à l’accès aux marchés et l’intégration des politiques d’entreprise.

C’est à l’initiative d’Eurochambres, l’association européenne des Chambres de Commerce, que le Parlement européen a ouvert ses portes aux entreprises pour une session parlementaire consacrée aux problématiques et défis auxquels se trouve confronté le monde des entreprises au lendemain d’une crise économique et financière dont les conséquences ne cessent de se faire ressentir. Après une première édition organisée en 2008, cette deuxième édition du « Parlement Européen des Entreprises » (EPE), a essentiellement porté sur le rôle que doit jouer l’Union européenne pour garantir un marché unique efficace et dynamique ainsi qu’un cadre réglementaire susceptible de renforcer la compétitivité des entreprises européennes.

Comme le Luxembourg dispose actuellement de six représentants au Parlement européen, la délégation luxembourgeoise au « Parlement Européen des Entreprises » en comptait autant et était composée des entrepreneurs suivants : M. Michel Wurth, Président de la Chambre de Commerce (Arcelor Mittal), M. Robert Dennewald (Eurobéton S.A.), M. Jean J. Schintgen (Horesca A.s.b.l.), M. Frank Wagener (Dexia BIL S.A.), M. Carlo Thill (BGL BNP Paribas) et M. Fernand Rippinger (CFL Cargo S.A). La délégation du Grand-Duché était complétée par M. Pierre Gramegna, Directeur de la Chambre de Commerce, M. Xavier Blouin (Société Générale Bank & Trust Luxembourg) et Mme Sabrina Sagramola, Responsable affaires européennes et Réseau « Enterprise Europe Network » auprès de la Chambre de Commerce.

La session d’ouverture du « Parlement Européen des Entreprises » a été animée par M. Jerzy Buzek, Président du Parlement européen, M. Herman Van Rompuy, Président du Conseil de l’Union européenne, et M. Alessandro Barberis, Président d’Eurochambres. Cette première de trois sessions consécutives était consacrée à la situation économique et les entreprises ont pu s’exprimer sur le rôle de l’Union européenne en matière de gouvernance économique (70% de votes favorables à un renforcement de ce rôle), la politique européenne pour les PME (83% des entreprises estiment que les intérêts des PME ne sont pas suffisamment pris en compte par UE), l’interopérabilité des systèmes de signature électronique (92% de votes en faveur d’une élimination des obstacles empêchant actuellement l’interopérabilité), l’introduction de recours collectifs (46% de votes favorables contre 42% de votes défavorables à une telle introduction) et l’harmonisation du droit des consommateurs (soutenue par 74% des entreprises).

La deuxième session de la journée était consacrée au thème transversal des ressources et donnait aux entreprises l’occasion de s’exprimer sur les retards de paiement (71% de votes en faveur de l’application de règles plus strictes pour les autorités publiques), la formation (56% des entreprises estiment qu’il est aujourd’hui plus difficile qu’il y a 5 ans de recruter du personnel qualifié), le marché du travail (88% des entreprises estiment que l’inflexibilité consacrée par le droit du travail est un obstacle à l’embauche), l’environnement (61% des entreprises estiment que l’introduction de normes environnementales ne favorise pas la compétitivité des entreprises européennes) et le politique énergétique (61% des entreprises considèrent les coûts d’investissement élevés comme principal obstacle à l’implémentation de mesures d’efficience énergétique).

Enfin, la 3e et dernière session du « Parlement Européen des Entreprises » était entièrement dédiée aux marchés et les thèmes évoqués ont été le droit des sociétés (90% des entreprises ont voté en faveur de l’introduction du statut d’entreprise privée européenne), la labellisation d’origine (62% de votes en faveur d’un marquage des produits importés de provenance hors UE), les relations internationales (94% des entreprises soutiennent un renforcement de la diplomatie économique européenne pour soutenir davantage l’internationalisation des entreprises en général et des PME en particulier), l’accès au marché (67% des entreprises estiment que les accords de libre échange signés par l’UE influencent leur choix des marchés à explorer) et la standardisation (89% des entreprises sont en faveur d’une promotion accrue des standards techniques européens).

Plusieurs représentants du Parlement européen et de la Commission européenne étaient présents lors de chacune des trois sessions pour pouvoir réagir aux votes des chefs d’entreprises. Les résultats des votes des entrepreneurs seront présentés à la Présidence belge de l’Union européenne, ainsi qu’aux autres institutions européennes et nationales.

A noter que la délégation luxembourgeoise a profité du déplacement à Bruxelles pour organiser une rencontre avec Mme Viviane Reding, Vice-Présidente de la Commission européenne et Commissaire européen en charge de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, ainsi qu’une entrevue avec S.E M. Christian Braun, Représentant Permanant du Grand-Duché de Luxembourg auprès de l’Union européenne. Ces réunions de travail ont permis des échanges de vue réciproques sur les enjeux de la compétitivité de l’économie luxembourgeoise dans le cadre des mesures de relance prises au niveau européen après la crise financière. Une importance toute particulière revient dans ce contexte aux initiatives prises par la Commission européenne pour transformer le marché intérieur en un véritable « espace intérieur » favorable aussi bien aux citoyens qu’aux entreprises.