Le retour du Luxembourg dans le palmarès des nations les plus compétitives : belle surprise sur fond de regain de confiance

Affaires économiques

IMD World Competitiveness Yearbook 2015

Le Luxembourg remonte de 5 places et se hisse à 6ème place des économies les plus performantes parmi 61 pays. Evolution du classement général de l’économie luxembourgeoise dans le World Competitiveness Yearbook (2007-2015)

Dans l’édition 2015 du World Competitiveness Yearbook (WCY) de l’institut suisse IMD [1], le Luxembourg se hisse à la 6e place des économies les plus performantes parmi 61 pays, soit une avancée de 5 rangs par rapport à l’année précédente. Cette progression réjouissante résulte notamment des bons scores attribués au Grand-Duché pour son efficacité économique et son environnement propice aux affaires, ainsi que de l’état d’esprit plus positif des entrepreneurs suite à l’actuelle embellie conjoncturelle et à l’agenda réformateur des autorités publiques. Aux yeux de la Chambre de Commerce, cette ambiance positive est l’occasion idéale pour poursuivre et accélérer les réformes afin de relever les défis traditionnels du Luxembourg, liés notamment au chômage, à la politique fiscale, à la productivité et aux investissements privés en R&D. Le bon positionnement atteint par le Grand-Duché dans le nouveau classement IMD démontre, par ailleurs, que l'image positive d'économie performante, ouverte et propice au développement de projets de croissance, dont le pays jouit auprès de la communauté des affaires, reste intacte, malgré les attaques menées récemment par certains médias étrangers contre l'image du marque du pays.

Après plusieurs années consécutives de performances plus mitigées, marquées par une crise financière et économique qui a laissé des cicatrices durables, le Grand-Duché renoue en 2015 avec ses excellents scores d’avant-crise. Présentant bon nombre d’évolutions favorables, le Luxembourg réussit d’ailleurs à se positionner comme première économie de l’Union européenne dans le classement WCY 2015.

Au niveau des quatre piliers qui servent à jauger l’évolution de la compétitivité, celui des performances économiques demeure une catégorie d’excellence. La Chambre de Commerce se réjouit notamment de l’amélioration perçue en matière de diversification économique (de la 46e à la 42e place) qu’elle juge cependant encore modeste par rapport aux nombreux efforts déployés au cours des dernières années par les secteurs privé et public. Toutefois, le principal souci au sein de la première catégorie demeure l’emploi et plus précisément le chômage structurel.

Concernant le critère de l’efficacité des pouvoirs publics, le Luxembourg connaît ses plus grandes performances au niveau des finances publiques, du cadre institutionnel et de la législation relative aux affaires. Le Luxembourg jouit en effet d’une position privilégiée dans le sous-pilier des finances publiques, les entrepreneurs au Grand-Duché estimant que la gestion afférente est plus efficace que l’année précédente - un résultat qui peut sans doute être attribué en partie à la double stratégie de consolidation budgétaire du « Zukunftspak » d’une part, et à la « révolution copernicienne » souhaitée en matière budgétaire, d’autre part. A contrario, l’annonce d’une réforme fiscale ne semble pas avoir eu d’effet positif sur le classement, le sous-pilier de la politique fiscale restant fragile (39e place mondiale, perte d’une place), traduisant de la sorte les doutes (et les attentes) des chefs d’entreprises en la matière. Au-delà de ce bémol, les participants à l’enquête se montrent généralement plutôt optimistes pour l’avenir : ils accueillent favorablement l’évolution du cadre institutionnel et ils estiment que la cohésion sociale représente l’une des plus grandes forces du Luxembourg.

L’ambiance est sereine au niveau du pilier de l’environnement des affaires puisque le Luxembourg enregistre un gain significatif de 10 places dans le classement (de la 14e à la 4e place). Les entrepreneurs sont encore plus confiants qu’en 2014, les prévisions de croissance pour l’année en cours étant effectivement encourageantes. Néanmoins, la Chambre de Commerce souligne que tous les freins à l’investissement ne sont pas supprimés, notamment les procédures administratives pour obtenir une autorisation d’exploitation, de construire ou bien en matière d’urbanisme, ou encore en matière environnementale. La perception des entrepreneurs quant à la productivité est également plus favorable, une considération prometteuse au niveau des entreprises individuelles, mais qui mérite, selon la Chambre de Commerce, un regard plus approfondi pour évaluer la productivité de l’ensemble de l’économie.

Pour ce qui est des infrastructures, le message semble être que le Luxembourg devra redoubler d’efforts dans les années qui viennent ; le classement en la matière s’étant enlisé, oscillant entre une 21e et une 23e place depuis 2010. Or, seuls des investissements publics et privés volontaristes et pertinents seront aptes à relever le taux de croissance potentiel futur de l’économie. A titre d’exemple, les entreprises auraient besoin de davantage de personnel qualifié pour exercer des activités de R&D. Par ailleurs, les entrepreneurs entrevoient un fort potentiel compétitif dans le domaine des énergies vertes - nouvelle encourageante pour le développement des écotechnologies.

Globalement, une analyse approfondie des domaines de compétitivité individuels laisse à penser que certains scores favorables - liés surtout à des indicateurs de perception qui représentent un tiers de l’ensemble des indicateurs utilisés - pourraient s’expliquer par l’ambiance plus optimiste qui règne en ce premier semestre de l’année 2015.

Des réformes ambitieuses ont notamment été annoncées dans le domaine de la simplification administrative, de la mobilité, du logement ou de l’aménagement du territoire. La confiance étant un concept fragile et volatile, les acteurs du terrain sont ainsi de bonne foi et s’attendent désormais à une mise en œuvre des réformes annoncées et à la poursuite de l’agenda réformateur. D’un point de vue plus macroéconomique, l’année 2015 est par ailleurs généralement considérée comme étant celle, à l’horizon 2019, qui fera apparaître la croissance la plus forte, notamment sur fond de conditions exogènes qui viennent en soutien de l’activité économique (politique monétaire accommandante, taux d’intérêts historiquement bas, prix de l’énergie en baisse, dépréciation de l’euro). Une dégradation des perspectives macroéconomiques pour la période post-2015 pourrait se traduire par des opinions plus prudentes à l’avenir.

En synthèse, la Chambre de Commerce peut se rallier à l’ambiance d’optimisme qui prédomine en ce moment. Elle espère que les plans vont bientôt, sous le signe du proverbe « res non verba », se matérialiser en actions concrètes.

Pour un commentaire plus exhaustif des différentes évolutions, le lecteur se référera à l’annexe téléchargeable ci-desous.


[1] Depuis 26 ans, l’institut suisse IMD (International Institute for Management Development) analyse la compétitivité d’environ 60 pays. Le classement est basé tant sur des indicateurs statistiques que sur l’opinion des décideurs économiques et des dirigeants d’entreprises. Au Luxembourg, l’enquête auprès des entreprises est coordonnée par la Chambre de Commerce. Plus précisément, l’enquête IMD repose sur l’examen de quatre piliers, à savoir les performances économiques, l’efficacité des pouvoirs publics, l’environnement des affaires et la qualité des infrastructures.