Electronic Shop S.à.r.l. - Les composants du succès

Visites d'entreprises
Marco Da Cunha, associé-gérant d'Electronic Shop S.à.r.l.; Carlo Thelen, directeur general de la Chambre de Commerce; Carlos Quintas, associé-gérant d’Electronic Shop S.à.r.l.; Lucien Bechtold, responsable de l'Espace Entreprises de la Chambre de

Depuis sa création, internet a offert des milliers de possibilités infinies de commercer. Une occasion saisie par Marco Da Cunha et Carlos Quintas, qui ont créé en 2010 Electronic Shop S.à.r.l, l'illustration parfaite de ce que le web permet en termes de business.

Spécialisée dans le e-commerce de matériel électronique et informatique, la société a connu depuis une croissance exponentielle et envoie ses produits dans le monde entier " partout ou UPS livre " explique Marco Da Cunha, à savoir quelque 150 destinations aussi variées que la Chine, le Mexique, les Etats Unis, la Nouvelle Zélande, tous les pays européens, ou encore la Mongolie...

L'histoire de ces deux jeunes entrepreneurs débute il y a plusieurs années, puisqu'ils se connaissent " depuis l'adolescence ! Nous étions à l'école ensemble ! " ajoute Carlos Quintas. D'abord employés dans une société qui avait sensiblement la même activité, les deux compères décident de devenir leurs propres patrons et de se lancer en 2010. " Nous avons connu de moments très difficiles au début. Le téléphone n'a quasi pas sonné pendant un an ! C'est long, s'amuse Carlos Quintas. Il a fallu créer une clientèle, et ce sont surtout les fournisseurs que nous connaissions qui nous ont tout d'abord fait confiance. Les gens nous ont aussi dit à nos débuts que nous étions fous de nous lancer dans l'entrepreneuriat ! Mais nous y avons cru ! Nous avons commencé dans de tout petits bureaux et nous ne pouvions même pas nous verser de salaire ! ".

L'idée de départ d'Electronic Shop : créer un e-shop, ce qui permettait aux deux créateurs de ne pas avoir à gérer une boutique " physique " et toutes les contraintes qui y sont liées. Depuis, l'offre de produits électroniques a considérablement grandi et d'un petit espace de bureaux de quelque 80 m2, la société a emménagé dans des locaux de plus de 600 m2 à une poignée de mètres de ses bureaux initiaux à Niederanven. Sept personnes (allemands, portugais, luxembourgeois composent aujourd'hui l'équipe et en 2015, le chiffre d'affaires s'élevait à 2,5 millions d'euros, pour une clientèle essentiellement composée d'écoles et d'universités qui utilisent une gamme éducative Lego permettant aux plus jeunes d'apprendre à coder, des ingénieurs et des techniciens, des services de recherche produits et enfin des internautes qui sont à la recherche de certaines pièces spécifiques à un prix attractif. De 1000 références au départ, le site en propose désormais plus de 50 000.

Entretien avec Marco da Cunha et Carlos Quintas, associés-gérants d'Electronic Shop S.à.r.l.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Nous travaillons au développement de notre site internet afin d'agrandir encore l'offre du shop et de notre software internet. Nous avons créé entièrement tous les softwares que nous utilisons, et nous voulons " améliorer " notre logiciel de gestion des achats, des réclamations, de facturations... Enfin, nous prévoyons de nouveaux aménagements pour fournir des prestations de formations pour les enseignants de classes primaires et secondaires pour leurs programmes éducatifs scolaires. Nous pourrons ainsi disposer d'un local dédié entièrement à ce projet.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

En fait, nous sommes fiers de tout ce que nous avons réalisé jusqu'à aujourd'hui, de toute cette évolution depuis près de six ans maintenant. D'avoir passé de nombreuses étapes : notre première commande, notre premier employé, l'envoi de notre première palette en Chine et tout dernièrement la prise de possession de nos nouveaux locaux. Toutes ces étapes ont demandé du courage, car beaucoup de jeunes rêvent de lancer leur entreprise, mais cela ne se fait pas en un claquement de doigt ! Mais nous ne le regrettons pas, même si nous avons traversé des moments un peu durs ! Et puis, nous sommes aussi fiers d'avoir trouvé une bonne équipe compétente sur laquelle nous pouvons nous appuyer, car plus on grandit et moins on peut s'occuper de tout : Il est donc nécessaire d'avoir des personnes à nos côtés sur lesquelles on peut compter !

Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?

Evidemment, la concurrence ! Sur internet elle est vraiment très forte car les gens vont là où les prix sont les plus attractifs ! Nous devons être toujours plus compétitifs et cela est très compliqué parfois par rapport à d'autres pays. Par exemple, sur certains produits, nous sommes plus compétitifs que d'autres pays limitrophes, mais les tarifs de livraison changent considérablement les prix. Quand certains peuvent proposer 3,90 euros pour une livraison et que nous débutons à 10 euros, le prix à l'arrivée n'est plus le même ! Alors nous adaptons les prix sur nos marges, mais nous perdons de l'argent ! Il y a aussi les loyers qui sont excessivement élevés au Luxembourg et qui sont un frein au développement pour le stockage par exemple. Nous sommes pénalisés par rapport aux belges, aux français ou aux allemands sur ce point. Puis, il y a aussi les solutions de paiements. La facture Paypal pour les e-commerçants est de (1,9%) en Allemagne, chez nous au Luxembourg, elle est de 3,4% et les différences de TVA appliquées dans les pays concurrents sur ces marchés sont aussi un frein et avoir plusieurs numéros de TVA selon les pays où l'on fait des affaires coûte aussi très cher ! Enfin, la contrefaçon prend de plus en plus d'ampleur et cela va devenir problématique.

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?

La Chambre de Commerce pourrait œuvrer auprès des instances du gouvernement ou européennes pour régler ce problème de TVA qui est un des plus gros obstacles que nous devons surmonter pour l'heure. Nous sommes encore loin du marché unique et au Luxembourg cela pose un sérieux problème de compétitivité. Cela faciliterait grandement la vie des sociétés de e-commerces qui par nature travaillent avec de nombreux pays étrangers.

Texte: Corinne Briault - Photos: Pierre Guersing