Compagnie de Construction Luxembourgeoise (CDCL) - Bâtisseurs d'avenir

Visites d'entreprises
Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce et Jean-Marc Kieffer, administrateur délégué de CDCL. Georges Thill, directeur des opérations et Jean-Marc Kieffer, administrateur délégué de CDCL. Aujourd’hui, la CDCL compte plus de

Immoblier résidentiel, bureaux, ouvrages d’art et génie civil, réhabilitation… En un peu plus d’un demi-siècle d’existence, le groupe CDCL s’est bâti une solide réputation. Il est aujourd’hui un acteur majeur de la construction sur le marché luxembourgeois. Rencontre avec  Jean-Marc Kieffer, administrateur délégué et Georges Thill, directeur des opérations.

Il y a plus de 60 ans, Camille Diederich-Colas pose les premières pierres de son entreprise de construction, la CDC. L’entreprise grandit, et fusionne avec deux autres entreprises en 1979. Trente ans plus tard, elle devient CDC S.A. et se tourne vers l’international au travers d’une prise de participation majoritaire dans le capital de deux entreprises françaises. Le métier se transforme, la société aussi. Pour acter ce changement, en 2012, la Compagnie de Construction Luxembourgeoise change de visage et se dote d’un nouveau nom, d’un nouveau logo et d’une nouvelle identité visuelle. Cette dernière évolution s’accompagne d’une expansion des domaines d’expertise. La société est aujourd’hui active dans plusieurs domaines de la construction touchant autant au résidentiel, bureaux, ouvrages d’art et génie civil, qu’aux ouvrages fonctionnels et hospitaliers ou encore à la rénovation et à la réhabilitation, à la voirie et aux réseaux divers, aux travaux industriels et logistiques et à la promotion immobilière. Autant d’activités qui permettent au groupe de réaliser des chantiers d’envergure : le siège de la Banque du Luxembourg (boulevard Royal à Luxembourg ville), le Centre du Rham à Luxembourg, le Port Industriel de Mertert pour n’en citer que quelques-uns. Employant aujourd’hui un peu plus de 600 collaborateurs, pour un chiffre d’affaires consolidé (en 2013) de 117, 3 millions d’euros, la CDCL affiche cependant une bonne stabilité  sur un marché en perpétuelle mutation et toujours plus exigeant. Grâce à un ancrage historique luxembourgeois, une aisance à adapter son infrastructure matérielle et humaine aux exigences de ses clients, le groupe peut regarder l’avenir avec une confiance toutefois combinée à beaucoup de vigilance.

 

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Il y a en a évidement beaucoup. Il y a le Centre sportif René Hartmann à Dudelange dont nous avons remporté, avec un cabinet d’architectes et un bureau d’études, le concours pour la conception et la réalisation, qui comprend entre autres, la création d’une piscine et d’un mur d’escalade de 15m de haut. La construction en « association momentanée » du bâtiment « Laboratoires » à Esch Belval, qui fait partie des constructions de la Cité des Sciences, le Centre de Logopédie à Strassen, plusieurs résidences intégrant le projet Funiculaire à Differdange. Puis, nous travaillons aussi sur divers projets de réhabilitation. Celle de l’ancien bâtiment ING à la Cloche d’or, celle de l’ancien « Grand Café » à la Place d’Armes et du bâtiment « Carrefour » boulevard Royal à Luxembourg ville. Nous avons aussi « hérité » des travaux de l’ascenseur censé relier le Pfaffenthal à la ville haute de Luxembourg, l’entreprise chargée des travaux ayant fait faillite. Notre projet phare pour les années à venir est le Royal-Hamilius, en association momentanée avec une autre entreprise. C’est un projet ambitieux que nous livrerons clés en mains. C’est aussi une gageure car le bâtiment se trouve au centre de la ville et cela induit beaucoup de complexité, de nombreuses interactions avec les autorités des ponts et Chaussées, les différents services de la Ville pour que tout le monde puisse organiser le chantier au mieux pour éviter un maximum de nuisances.

 

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Le pont transfrontalier reliant les communes de Grevenmacher et de Wellen en Allemagne. L’ouvrage comportait beaucoup de contraintes techniques et des délais courts et précis à respecter car le pont a été réalisé en un tout petit peu plus d’une année. Il fallait démolir l’ancienne structure datant des années 1950, pour ensuite construire un nouveau pont, résolument design et esthétique,  à tablier en dalle à 4 travées d’une longueur de 213 mètres. Puis, nous sommes également fiers de la construction du « Luxembourg –Freeport », le plus grand « coffre-fort d’Europe »,  qui lui aussi a été construit en un temps record, deux ans à peine.

 

Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d’activité?

Il y a beaucoup d’entreprises de construction et la concurrence est rude. Cela a évidemment une incidence sur nos marges, car les clients cherchent toujours à avoir la meilleure qualité pour un prix minime. Ceci incite certains acteurs du marché à opter pour des alternatives de solutions techniques qui ne respectent pas forcément les normes de qualité. CDCL doit être et être capables d’offrir des prestations et des services d’une qualité irréprochable et c’est toujours un challenge. Le métier, les matériaux et les techniques changent, il faut aussi toujours suivre les évolutions et se former. C’est également un défi qui en amène un autre, celui du recrutement des bons profils. Nous devons faire face au problème de la pyramide des âges, car la moyenne d’âge est élevée, et ce métier souffre d’un problème d’image et n’attire plus les jeunes. Nous avons du mal à trouver des personnes motivées et qualifiées,  cela demande un effort de notre part pour promouvoir ce métier auprès des jeunes, dans les écoles, par exemple, et pour leur montrer qu’il y existe des débouchées.

 

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d’activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?

Ce serait l’adaptation des réglementations des soumissions publiques. Il serait bon d’y inclure d’autres critères de sélection que celui du « prix le plus bas ». Forcément, ce critère ouvre la porte aux abus d’entreprises peu scrupuleuses et qui, sous couvert d’être compétitives au niveau des prix, ne fournissent pas toutes les garanties de qualité des matériaux qu’ils utilisent – entre autres. Les clients,  l’Etat pour les soumissions, doivent comprendre qu’à partir d’un certain seuil, offrir matériaux, techniques et prestations qualitatives a un prix ! Pourquoi ne pas suivre l’exemple de certains pays qui ont introduit dans les soumissions des critères RSE, de qualité du travail, de respect des délais, d’historique de l’entreprise, de « soft skills » et « hard facts ». Un groupe de travail planche sur ce projet, mais la Chambre de Commerce pourrait tenter de « faire pression » sur l’Etat. Cela éliminerait les entreprises peu scrupuleuses et qui fournissent des prestations médiocres du marché et le secteur pourrait travailler dans le bon sens et ne pas être lancé constamment dans une course à l’économie de quelques centimes.

 

Des chiffres et des hommes

  • Nombre de collaborateurs au Luxembourg : 504

  • Avec intérimaires : 610

  • Nationalités différentes présentes dans l’entreprise : 12

  • Salariés de production : 409  -  salariés administratifs et d’encadrement : 95

  • Heures de formation : 7.763 h

  • Chiffre d’affaires consolidé (2013) : 117.293.000 €

  • CDCL a coulé 56 203 m3 de béton, posé 4 742 tonnes d’armatures et terrassé plus de 100 000 m3 (en 2013)

 

Répartition de la production en % (2014):

  • Bâtiments fonctionnels : 41,74%

  • Bâtiments à destination d’accueil du public : 22,13%

  • Bâtiments à destination d’habitation : 18,33%

  • Travaux VRD et ouvrage d’art : 7,35%

  • Bâtiments à activités de bureaux : 4,72%

  • Travaux industriels : 3,18%

  • Travaux de rénovation : 2,55%

 

Texte: Corinne Briault

Photos: Pierre Guersing