Alimentation en gros - Réussite à la sauce… Provençale

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Jeannot Erperlding, directeur des Affaires internationales de la Chambre de Commerce; Jeff Arendt, Georges Eischen, Jo Studer, associés gérants de La Provençale; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce; Jerry Zieser, responsable tec

Employant aujourd’hui quelque 930 salariés et réalisant un chiffre d’affaires de plus de 230 millions d’euros, La Provençale sàrl  est le plus grand centre de distribution d’alimentation en gros de la région. La Provençale a été fondée par trois associés il y a plus de 45 ans, suivant une idée de Camille Studer. La société a changé de mains en 2012. Elle a toutefois su rester dans le même giron familial, puisque ce sont les fils des « pères fondateurs » qui sont désormais aux affaires.

Devenue aujourd’hui le principal acteur de la distribution alimentaire au Luxembourg, La Provençale – dont le nom a été inspiré à Camille Studer par la pléthore de recettes de cuisine « à la provençale » du guide gastronomique « l’Escoffier » – la société dispose aujourd’hui d’une palette de plus de 37 000 articles, qu’elle distribue au Grand-Duché de Luxembourg, mais également dans les pays limitrophes : l’Allemagne (Rhénanie-Palatinat jusqu’à Cochem), la Belgique (Province de Luxembourg et de Liège) et la Lorraine (jusqu’à Nancy). La Provençale exporte aussi ses produits de haute qualité au Nigeria, Azerbaïdjan et Ghana. L’entreprise est ainsi spécialisée dans les produits de qualité, tels que le poisson frais, fumé et congelé, la viande fraîche et congelée (avec un atelier de production en boucherie comptant 160 personnes), la charcuterie de fabrication artisanale, la volaille, le gibier, les fruits et légumes, les champignons, les produits laitier, les conserves, ainsi que toute une gamme de produits « non-food », comme, entres autres, les épices du monde, les ustensiles de cuisine, les fournitures pour la restauration ou de verrerie.

La Provençale fournit naturellement toute une clientèle de professionnels des métiers de bouche : les restaurateurs, les hôteliers, les sociétés de restauration et les cantines, mais également le catering des compagnies aériennes, les hôpitaux, les supermarchés, les épiceries, les boucheries et les boulangeries grâce à un rayon pâtisserie.

Depuis plus de 40 ans, la Provençale a connu un développement exponentiel, non seulement du nombre de ses employés (14 au commencement), de son chiffre d’affaires (qui dépasse les 230 millions), de sa logistique (aujourd’hui notamment avec plus de 120 camions frigorifiques à 3 zones de températures différentes et aux normes HACCP) et de ses surfaces d’exploitation. Une expansion qui va se poursuivre puisqu’un vaste chantier a débuté l’année dernière pour doubler la surface d’exploitation. 

Entretien avec Jo Studer, Georges Eischen et Jeff Arendt, gérants associés de la Provençale

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Nous sommes lancés dans un nouveau chantier d’agrandissement de l’établissement qui porte sur 25 000 m2 supplémentaires pour une surface totale couverte de 50 000 m2. Cela permettra à La Provençale de pouvoir encore mieux gérer ses marchandises. Cette surface permettra d’avoir un nouveau centre logistique, de nouveaux espaces pour la boucherie, entre autres pour la préparation, les fruits et légumes, et le stockage de tout ce qui touche à l’épicerie.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Nous sommes fiers de tout ! De ce que nos pères (Camille Studer, Michel Eischen et Georges Arendt) ont réussi à faire de La Provençale, et de la passation de pouvoir entre les générations qui s’est très bien déroulée, car cela n’est pas toujours évident. Nous sommes fiers que nos pères n’ont pas baissé les bras, même à la suite du grave incendie qui a ravagé un tiers des installations en novembre 1992, personne n’a été licencié et nous avons même embauché du personnel le lendemain du sinistre. Et enfin, nous sommes vraiment fiers de notre personnel, qui est fidèle et qui tient à la société et à son esprit. Nous comptons 30% d’employés présents depuis plus de 10 ans et c’est vraiment aussi une grande fierté pour nous !

Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d’activité ?

Pour exercer ce métier, il faut sans cesse se défendre contre la concurrence internationale qui est de plus en plus forte. Le marché est ouvert pour la restauration et la gastronomie, chacun essaie de grignoter des parts de marché. Le client est roi, il faut s’adapter aux demandes pour pouvoir toutes les satisfaire. Il faut donc se remettre en question tous les jours !

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d’activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?

Nous avons beaucoup de difficultés à recruter, surtout dans un secteur comme celui de la boucherie. Pour prendre l’exemple de ce secteur, il y a sur le marché des jeunes à qui on apprend un métier, et qui ensuite, partent dans la fonction publique. C’est désolant ! La  Chambre de Commerce pourrait être un intermédiaire entre nous et le Gouvernement pour entamer des discussions et imaginer des formations cofinancées pour les apprentis. Les patrons pourraient avoir des apprentis formés et payés, qui resteraient dans l’entreprise.
Autre exemple, nous employons beaucoup de chauffeurs et nous n’avons pas le droit de les former. Ils doivent suivre des formations à Colmar-Berg, qui ne correspondent pas forcément à nos besoins spécifiques. Nous souhaiterions pouvoir avoir nos propres formateurs, un responsable de notre société qui ferait une formation à nos chauffeurs sur nos véhicules, dans un environnement de travail qui serait le leur à l’issue de la formation, avec des examens finaux qui seraient en concordance avec nos besoins. A l’heure actuelle, ce n’est pas possible ! Nos chauffeurs n’ont sûrement pas les mêmes besoins d’apprentissage qu’un chauffeur de bus… ce n’est pas le même métier ! La Chambre de Commerce ne pourrait-elle pas lancer les discussions en ce sens ? Nous pourrions dispenser des formations adaptées et plus efficaces.

Des dates et des chiffres…

  • Janvier 1969 : ouverture au centre-ville de Luxembourg d’un magasin alimentaire  (vente au détail) de spécialités du monde haut de gamme
  • Juin 1970 : obtention du prestigieux titre « Fournisseur de la Cour »
  • Octobre 1970 : ouverture à Luxembourg-Hollerich du premier marché en gros de marée fraîche du Grand-Duché de Luxembourg avec des installations spéciales destinées à la vente de poissons frais, fumés et congelés et crustacés vivants
  • Mars 1973 : ouverture à Luxembourg-Bonnevoie d’un second marché en gros avec vente de fruits& légumes, de gibier, de volaille, de champignons et fromages
  • Octobre 1979 : regroupement des trois sites aux « Halles de Luxembourg » à Leudelange sur 4000 m2. La gamme de produits s’étend à la viande, fabrication de charcuterie, produits laitiers, conserves alimentaires, alimentation congelée et produits « non food »
  • Janvier 1990 : construction sur un terrain adjacent d’un nouvel entrepôt « cash & carry avec centre de distribution » de 18 000 m2 avec 40 chambres froides, un nouvel atelier de production de boucherie, deux congélateurs de 20 000 m3, 10 000 m2 de surface refroidie (2-4°) et des viviers pouvant contenir 7000 kg de crustacés vivants
  • Décembre 1990 : déménagement et mise en service des nouvelles installations
  • Octobre 1991 : ouverture officielle des « Halles de Luxembourg »
  • Novembre 1992 : un tiers des nouvelles installations est détruit par un incendie
  • 1997/1998 : construction d’une extension de 23 000 m2
  • Décembre 1998 : trente ans d’existence, 391 salariés
  •  Décembre 2008 : quarante ans d’existence, 650 salariés
  • 18 mai 2009 :  festivités du 40e anniversaire de La Provençale en présence de 3.200 invités
  • Novembre 2010 : mise en service du nouveau Park-house (500 emplacements) réservé au personnel, effectif au 31 décembre, 795 salariés
  • 2011 : construction d’un nouvel Atelier mécanique de 1500 m2
  • 2012 : commencement des travaux d’extension de 25 000 m2

 

Texte : Corinne Briault - Photos : Laurent Antonelli / Agence Blitz