Élections 2023 : Contribution de la Chambre de Commerce au débat électoral

Affaires économiques
De gauche à droite : Christel Chatelain, directrice des affaires économiques - Carlo Thelen, directeur général

30 solutions pour la prospérité et la croissance des entreprises 

Dans le cadre des élections législatives, la Chambre de Commerce a rassemblé les principales préoccupations des entreprises. Avec 30 propositions concrètes, des livrets thématiques et des tables rondes, la Chambre de Commerce vient nourrir les réflexions pour une économie attractive et compétitive. Les enjeux sont conséquents pour répondre notamment aux besoins de talents sur le marché du travail, réussir la transition environnementale et digitale, ainsi que modérer les coûts pour les entreprises. A travers ses 30 solutions, la Chambre de Chambre donne une boussole stratégique pour mener des actions prioritaires et pro-business. 

Pour assurer la réussite de son modèle économique, le Luxembourg doit tirer les leçons des crises et épreuves successives de ces dernières années. La croissance annuelle moyenne de l’économie a connu un net recul passant à 2,0% sur la période 2018-2023 contre 2,6% les cinq années précédentes. Pour plus de la moitié des entreprises, le manque de main-d’œuvre qualifiée, le coût du travail et l’accès abordable à l’énergie et aux matières premières sont les grands défis de leur développement économique en 2023, selon la dernière édition du Baromètre de l’Economie. Rapidement, il s’agira aussi de réussir le double défi de la transition environnementale et numérique.  

La Chambre de Commerce contribue au débat électoral en portant la voix de ses 90.000 entreprises ressortissantes et des acteurs économiques du Luxembourg plus largement. Elle va stimuler les réflexions et les échanges notamment à travers 30 solutions phares. Ces propositions, répondant à la question « Quel avenir pour les entreprises ? », reposent sur une large consultation. La contribution s’est nourrie de rencontres sur le terrain, d’enquêtes telles que le 8ème Baromètre de l’Economie auquel avaient participé 611 entreprises et qui traitait des enjeux socio-économiques pour la nouvelle législature, ainsi que d’échanges internes et externes avec des membres élus et chefs d’entreprises. 

Six grands défis thématiques et leurs axes d’action 

Les propositions de la Chambre de Commerce sont rassemblées dans six livrets thématiques. Didactiques, les livrets exposent l’état des lieux, les enjeux et les solutions autour de six grands défis :   

  • Développer tous les talents au sein d’un marché du travail attractif, performant et ouvert est une priorité absolue pour répondre à la pénurie grandissante de main-d’œuvre. De nombreuses mesures seront à prendre dans ce domaine, de l’éducation fondamentale à la formation professionnelle en entreprise, en passant par une stratégie talent nationale plus ambitieuse et un écosystème performant pour attirer les ressortissants des pays tiers.  

  • Accélérer les transitions écologique et énergétique avec un cadre propice aux entreprises sera au cœur des politiques publiques à mener. Alors que les progrès à accomplir doivent se répartir entre secteur public, citoyens et entreprises, la transition écologique du secteur privé demande des investissements d’une ampleur inédite et des avancées technologiques qui nécessitent un soutien important de l’Etat. Il faudra éviter le piège de la surrèglementation, trouver rapidement les solutions d’une transition énergétique efficiente et appliquer un level playing field entre acteurs internationaux.  

  • Poser les fondations d’une data-driven economy compétitive et innovante s’inscrit tout autant dans la stratégie de diversification économique que comme un indispensable de la compétitivité future de l’ensemble du secteur productif au sein d’un mouvement de digitalisation global de la plupart des secteurs d’activité. La digitalisation, les technologies liées aux données, l’intelligence artificielle et la cybersécurité sont autant d’opportunités pour les entreprises que de sujets pour lesquels les acteurs nationaux doivent être accompagnés. Ce sont aussi les niches de croissance présentes et futures de l’économie luxembourgeoise. Renforcer l’attractivité du Luxembourg pour les startups, les chercheurs et les innovateurs au sens large, s’affirme comme un objectif prioritaire.  

  • Piloter le développement territorial pour répondre aux besoins de logement et de mobilité est au centre des préoccupations des résidents luxembourgeois et des travailleurs frontaliers, et, par là même, des entreprises. Le fort dynamisme démographique n’est pas compensé par des politiques publiques à la hauteur en matière de logements et d’infrastructures de transports. Le logement est un frein important à l’attractivité du pays pour la main-d’œuvre, tandis que l’engorgement des transports freine population et économie. Le prochain gouvernement devra investir davantage pour que les infrastructures suivent le rythme de la croissance et devra mettre en œuvre un aménagement durable du territoire national au service de la population, de l’économie et des personnes qui travaillent au Luxembourg.  

  • Maintenir et accroître l’attractivité et la compétitivité du modèle économique permettra de garantir la prospérité à long terme. Le dynamisme entrepreneurial, qui bénéficierait d’une revalorisation du statut de l’indépendant et d’un écosystème plus efficient de transmission d’entreprises, est le socle du tissu productif de demain. Il nécessite un cadre pro-business dont fait partie intégrante la simplification administrative, le coût du travail et la fiscalité. Or, la forte inflation actuelle met en exergue toutes les limites de l’indexation automatique et son impact sur la rentabilité des entreprises. La compétitivité de la place financière sera à renforcer dans les années futures, en ambitionnant de devenir leader européen sur la finance durable.  

  • Garantir des finances publiques, des pensions et une protection sociale soutenables pour toutes les générations est la mission cruciale que devra embrasser le prochain gouvernement malgré les possibles réticences à revenir sur des mécanismes particulièrement généreux en comparaison internationale. Des avancées peuvent encore être accomplies pour rendre les dépenses publiques plus efficientes, en intégrant davantage la numérisation, et pour faire du budget un outil au service de politiques publiques performantes. Le système actuel de pension n’est pas viable sur le long terme et doit être réformé dès maintenant pour garantir le niveau de vie des différentes générations, notamment les actifs et les plus jeunes. L’introduction d’une dose de sélectivité au système de protection sociale le rendrait plus juste et plus robuste sur le long terme. 

Les livrets servent de document de référence pour le débat public et les échanges avec les décideurs politiques. La contribution de la Chambre de Commerce est résolument tournée vers l’action.

« La pérennité des activités économiques et la prospérité de la société sont indissociables et se créent ensemble pour le bien des générations actuelles et futures », souligne Carlo Thelen, Directeur Général de la Chambre de Commerce en rappelant la mission de la chambre professionnelle d’animer le débat économique et sociétal.

A l’issue des élections législatives, la Chambre de Commerce remettra par ailleurs l’ensemble de ses propositions au formateur du gouvernement.  

Focus sur le marché du travail et les talents 

Pour initier les débats, la Chambre de Commerce publie un premier livret thématique sur le marché du travail et les talents. Le succès de l’économie luxembourgeoise s’est construit, hier comme aujourd’hui, grâce notamment à la main-d’œuvre étrangère. Parmi 485.000 salariés actifs fin 2022, plus de 70% n’ont pas la nationalité luxembourgeoise et près de la moitié sont frontaliers. 

Si l’ouverture et le dynamisme du Luxembourg sont une force, le pays se heurte à une pénurie de main-d’œuvre dans la plupart des secteurs d’activité. Les nouvelles compétences recherchées pour répondre aux transitions digitale et environnementale manquent souvent à l’appel. A défaut de trouver les profils requis, certaines entreprises doivent revoir leur production à la baisse. Par ailleurs, la raréfaction des talents accroît les risques de concurrence entre entreprises, mais également entre territoires, confrontés à des problématiques similaires. Outre les difficultés liées au volet attraction et rétention des talents étrangers, le Luxembourg fait face au défi de former des personnes déjà présentes sur son sol. 

La Chambre de Commerce met en avant cinq solutions phares :  

  1. Adopter une stratégie nationale « talents » autour de quatre volets : promotion de l’apprentissage à tous les niveaux d’enseignement ; revalorisation du cofinancement de la formation continue en entreprise ; identification des besoins en compétences présents et futurs ; mise en place de régimes fiscaux attractifs pour les salariés (prime défiscalisée, etc.)

  2. Réformer l’orientation en milieu scolaire, promouvoir les matières STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) dès l’enseignement fondamental et mettre en place un programme d’accompagnement personnalisé dès le secondaire. 

  3. Assouplir la législation sur l’organisation du temps de travail pour permettre une gestion au cas par cas dans le cadre du dialogue social en entreprise, en fonction des spécificités de chaque entreprise, et exclure toute réduction généralisée du temps de travail. 

  4. Optimiser, coordonner et étendre les initiatives existantes pour promouvoir le Luxembourg auprès des talents étrangers et agir en faveur d’une mise en relation plus efficiente entre entreprises et candidats. 

  5. Créer une plateforme unique multilingue pour faciliter les démarches d’entrée et de séjour des ressortissants de pays tiers, salariés, étudiants et chercheurs. 

La thématique du marché du travail et des talents sera au cœur d’une table ronde organisée par la Chambre de Commerce le 27 mars. Les inscriptions se font en ligne ici

Contact médias: press@cc.lu 

Toutes les informations sur le dossier spécial élections 2023 ici 

De gauche à droite : Sidonie Paris, économiste - Christel Chatelain, directrice des affaires économiques - Carlo Thelen, directeur général - Bérengère Beffort, public relations senior advisor economic affairs