Un « panier durable » pour une politique luxembourgeoise cohérente

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Au vu des récentes annonces du Luxembourg en matière de politiques climatiques, de santé publique et de développement durable, la Chambre de Commerce estime que le système d’indexation automatique doit être revu afin d’être cohérent avec ces volontés. La Chambre de Commerce propose ainsi l’adoption d’un « Panier durable » basé sur un indice des prix à la consommation national « durable », qu’elle présente dans sa publication Actualité & Tendances n°24.

La volonté du Luxembourg est claire : promouvoir un développement socialement équitable, économiquement viable et environnementalement vivable. Durable, donc. En matière de politique climatique, il entend notamment désinciter le recours aux énergies fossiles et réduire les exportations de carburant en diminuant progressivement les écarts de prix avec les pays voisins et en augmentant graduellement les taxes sur les produits pétroliers. Une telle stratégie, présentée dans le projet de Plan National intégré en matière d’Energie et de Climat (PNEC), doit permettre au Luxembourg de respecter ses engagements climatiques nationaux et internationaux.

En mai 2019, une première hausse des droits d’accise est entrée en vigueur. Pour la toute première fois, le diesel est devenu plus cher sur le sol grand-ducal qu’en Belgique, pour les professionnels : en Belgique, comme en France, en Italie ou en Espagne, ces accises sur le diesel professionnel peuvent partiellement être remboursées par l’Etat. Au Luxembourg, ce n’est pas le cas. De nombreuses répercussions en découlent pour les entreprises, qui subissent une double peine : le renchérissement de leurs matières premières, et celui des salaires via l’indexation.

Il est difficilement conciliable de viser une économie décarbonée, tout en compensant la hausse des prix sur les énergies fossiles. Il semble donc incohérent de répercuter le renchérissement des énergies fossiles sur les salaires, via le système d’indexation automatique. L’indice des prix à la consommation national soutient encore trop la consommation des énergies comme le carburant, le mazout ou le gaz, puisque ces produits représentent 5,1% du panier actuel. Alors que la Commission européenne prédit une hausse implicite des prix de ces produits de 3% par an, l’impact sur l’indice sera important. De plus, le principe du pollueur-payeur, qui prévoit que le pollueur doit payer pour la prévention et l’épuration de la pollution dont il est responsable, perd de son pouvoir incitatif avec le panier actuel. Par ailleurs, la santé publique est aussi négligée par ce panier, les boissons alcoolisées et le tabac y comptant pour 3,33%.

La Chambre de Commerce plaide donc pour l’instauration d’un panier durable, sans énergies fossiles, ni alcool, ni tabac, ni taxes introduites sous le principe du pollueur-payeur. Et pour ne pas oublier les ménages aux revenus les plus modestes, pour compenser la hausse induite du prix des produits de chauffage, une telle mesure devra être accompagnée de compensations sociales, comme une hausse ciblée de l’allocation de vie chère.

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