Un attentisme qui annonce l’arrivée d’une météo plus perturbée ?

Affaires économiques

Le Baromètre de l’Economie du 2ème semestre 2019

En cet automne 2019, la Chambre de Commerce publie la deuxième édition de son Baromètre de l’Economie, captant le pouls de l’économie et les principales préoccupations des entreprises. Il ressort de cette édition que les entrepreneurs enregistrent actuellement une activité dynamique dans la lignée des mois précédents, mais que le climat d’incertitude ambiant les pousse à une certaine retenue pour ce qui est des perspectives d’avenir. Parallèlement, ils doivent toujours faire face à des défis de taille : manque de main-d’œuvre qualifiée, coût du travail et donc coûts de production élevés, régulation sans cesse en hausse, mobilité sur le sol grand-ducal qui se dégrade, etc. Les résultats de ce Baromètre indiquent que le vent commence à tourner, même si un ralentissement abrupt des perspectives économiques ne semble pas être à l’ordre du jour.

Du 16 septembre au 4 octobre, la Chambre de Commerce a recueilli le sentiment de 495 entreprises de 10 salariés et plus, représentatives de l’économie luxembourgeoise dans son ensemble. C’est le grand attentisme se dégageant de ces résultats qui interpelle sans doute le plus. En effet, pour chacun des indicateurs repris, la part d’entreprises prédisant une stabilité, plutôt qu’une croissance, dans les 6 prochains mois dépassent, et dans certains cas largement, les 50%. Les entreprises semblent donc « attendre » de voir ce que l’avenir leur réservera, et donc repoussent les nouveaux engagements ou les investissements supplémentaires. Et tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne.

Des indicateurs conjoncturels précurseurs d’un ralentissement ?
Alors qu’à peine 6% des entreprises sondées dans la 1ère édition du Baromètre de l’Economie tablaient sur une baisse de leur activité économique au cours des 6 prochains mois, elles sont dorénavant environ 1 entreprise sur 10. Et près de 60% d’entre elles prévoient une stabilité de celle-ci. 14% des entreprises témoignent en outre d’une baisse de leur activité économique au cours des 6 derniers mois.

L’anticipation de ralentissement est particulièrement observable dans l’industrie et le commerce, secteurs au sein desquels une baisse de l’activité au cours du prochain semestre est attendue par 14% des entreprises sondées. Pour les entreprises actives dans les services financiers, environ 13% d’entre elles anticipent une telle baisse. Plus préoccupant, une baisse de l’activité au cours des 6 derniers mois a été enregistrée pour 19% des entreprises de l’industrie, 22% de l’HORECA, et 27% des transports.

L’incertitude se traduit davantage en ce qui concerne l’emploi, puisque près de 10% d’entreprises de plus que par rapport au 1er Baromètre, réalisé au printemps, comptent garder des effectifs stables au cours des 6 prochains mois, soit près de 70% d’entre elles, tandis que 6% escomptent même une baisse de leur effectif.

C’est le secteur des transports qui semble le plus impacté, avec une baisse anticipée de 12% de ses effectifs pour les 6 prochains mois, une dégradation notable par rapport aux résultats de la 1ere édition du Baromètre. Dans la construction, quelque 8% des entreprises déclarent une baisse pour 2020.

Ce sont ces mêmes secteurs du transport, à hauteur de 10% des entreprises sondées, et de la construction, à hauteur de 12% des entreprises sondées qui annoncent des investissements en recul au cours des 6 prochains mois. En termes de stabilité, la même tendance est constatée puisqu’elle est anticipée par près de 65% des entreprises. Or, ce sont ces investissements d’aujourd’hui qui seront les fondations de l’activité, de la productivité et de la rentabilité de demain. L’attentisme actuel lié à l’incertitude ambiante pourrait donc impacter les performances du futur.

Et les premiers signes en sont déjà visibles au vu des prévisions en termes de rentabilité. Si pour l’économie dans son ensemble, les entreprises sont 11% à estimer que celle-ci sera en baisse au cours des 6 mois à venir, 20% des industriels, 17% des entreprises actives dans les services financiers et 15% pour l’ensemble des services pressentent cette dégradation.

C’est l’influence de l’environnement économique général sur l’entreprise qui résume à elle seule le climat ambiant qui va en se dégradant, puisque 24% des entreprises actives dans l’industrie, 19% de celles actives dans les services financiers, 15% des entreprises du commerce et de l’HORECA et 12 % dans le transport qualifient cette dernière de « défavorable » pour 2020. Les entreprises sont donc dans une situation où la prudence et l’incertitude quant à l’avenir dominent. Concernant les prévisions à moyen terme pour leur entreprise et l’économie en général, ce sont ces mêmes secteurs qui sont les moins confiants.

La transformation digitale au cœur des actions des entreprises
A chaque édition du Baromètre, sa thématique. Et pour cette 2e édition, c’est celle de la transformation digitale qui fut privilégiée. Selon l’index DESI 2019 (Digital Economy and Society Index) publié par la Commission européenne, le Luxembourg, avec sa 6e position dans le classement de l’Union européenne (UE), constitue globalement un « High Performing country » dans le domaine de la digitalisation. Mais dans ce classement, le Luxembourg reste en milieu de peloton en matière d’intégration des technologies numériques par les entreprises, raison pour laquelle la Chambre de Commerce souhaitait leur point de vue.

Ainsi, 64% des entreprises interrogées ont bien amorcé une transformation digitale dans leur firme et 15% envisagent de débuter ce processus au plus vite. Les ressources y consacrées sont, tout d’abord, le personnel interne déjà qualifié, ensuite le personnel interne qui sera formé, le recours à des services de conseil arrivant en troisième position. Pour 44% des entreprises interrogées, le besoin de qualifications/connaissances/formations est le principal défi de la digitalisation.

Le pourquoi d’un tel processus réside au niveau de la volonté d’améliorer l’organisation et les méthodes de travail (travail collaboratif, télétravail, etc.) de l’entreprise, d’optimiser les coûts, mais également de développer une meilleure connaissance et interaction avec les clients afin de personnaliser l’offre. Les sites internet, réseaux sociaux mais également les outils de gestion électronique des documents et des progiciels de gestion intégrés, de type SAP, sont les plus utilisés.

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Rendez-vous au printemps 2020 afin de connaitre l’évolution de la situation conjoncturelle, et ainsi découvrir si les anticipations des entrepreneurs se sont matérialisées ou non.

Consultez l'intégralité de la deuxième édition du Baromètre de l’Economie