Etix Everywhere - « Une petite start up dans la start up »

Visites d'entreprises
Carlo Thelen, directeur général, Chambre de Commerce; Anne-Marie Loesch, responsable stratégie et coordination, Chambre de Commerce ; Frédéric Bouchez, Director of Innovation & Marketing Etix Everywhere; Jeannot Erperlding, directeur des Affaires int

Fondé par deux jeunes Français, Antoine Boniface et Charles-Antoine Beyney, Etix Everywhere conçoit et vend des modules de datacenter. Depuis Luxembourg où la société a son siège, elle concurrence de grands groupes internationaux qui dominent le marché et connait une croissance exponentielle, tant de son chiffre d’affaires que de ses effectifs qui dépasseront les 100 personnes début 2017.

Etix Everywhere imagine et commercialise des modules de datacenter. En soit, pas vraiment une révolution quant au corps de métier de l’entreprise, si ce n’est qu’alors que les acteurs actuels du marché construisent des datacenters énormes (de plusieurs mégawatts) ou modulaires en containers, Etix Everywhere se positionne comme un acteur intermédiaire entre ces deux approches et construit des datacenters “en dur” et personnalisables. Etix Everywhere peut ainsi se rapprocher des clients finaux et construire des datacenters clés en mains, moins grands, qui ne soient pas des « black boxes ». La société réduit ainsi drastiquement les temps de déploiement (16 semaines, au lieu de quelques mois au mieux) et donc, les couts. Etix Everywhere a deux clients types: les entreprises qui veulent construire leur propre datacenter et de plus petites, auxquelles elle propose des datacenters en (co)location.

La petite société a réussi à se différencier des grands groupes internationaux comme Equinix et TeleCityGroup qui dominent le marché, en ce qu’elle est êxtremement réactive, ce qui a réussi à convaincre des clients comme Bull, la Société Générale, Oceanet Technology, entre autres. Etix Everywhere a levé 15 millions d’euros via deux partenaires financiers, InfraVia (en France) et Tiger Infrastructure Partners (aux Etats-Unis) au début de 2015. Elle a été sélectionnée avec 18 autres entreprises européennes pour passer une semaine dans la Silicon Valley, afin d’y rencontrer d’autres start-up et investisseurs.

Rentable dès son premier exercice, ayant atteint un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros en 2014, Etix Everywhere est passée de 7 employés en 2014 à 70 collaborateurs au Luxembourg en 2016 et plus de 20 postes encore ouverts à l’embauche, ce qui devrait lui permettre de dépasser la centaine d’employés en 2017, pour un chiffre d’affaires estimé à plus de 20 millions d’euros et des constructions de datacenters en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Afrique. Entretien avec Charles-Antoine Beyney, CEO.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Une grande partie de nos métiers repose sur le côté technique. Nous cherchons à être innovants dans ce domaine. Dans un datacenter traditionnel, vous avez besoin d'un grand nombre de personnes pour surveiller les parties plus techniques et s’assurer de la sécurité des locaux, mais 80% des erreurs qui se produisent sont des erreurs humaines. Nous travaillons par exemple sur un processus de fermeture-ouverture automatisé des portes et notre modèle peut réduire le nombre de personnes grâce à la seule technologie. Tous ces systèmes d’automatisation permettent une surveillance à distance, un contrôle d'accès et de détection d'intrusion, une surveillance vidéo et une meilleure protection contre les incendies 24/24 et 7 jours / 7, le tout à distance. Pour l’heure, nous sommes en phase de pré-assemblage du système et nous devrions sortir une première version du produit dans le courant du mois de novembre.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
C’est sans aucun doute, l’équipe. Etix Everywhere, c’est avant tout une affaire de personnes et de confiance. Si nous pouvons obtenir de nos collaborateurs qu’ils se sentent bien dans la société et qu’ils y restent, non pas parce qu’ils gagnent bien leur vie, mais parce qu’ils aiment tout simplement ce qu’ils y font alors, nous pouvons construire ensemble une belle histoire et changer le monde ! Le bonheur des employés est vital pour nous, c’est le bien le plus précieux chez Etix. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons recruté un Chief Happiness Officer. Quand vous travaillez avec 15 nationalités qui parlent 22 langues différentes, il faut vraiment créer un esprit d'équipe et avoir un environnement de travail paisible et propice au bien être de chacun pour qu’il donne le meilleur de lui-même.

Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d’activité ?
Justement, recruter les bonnes personnes et réussir à cimenter les équipes qui intégrent des gens venant de partout dans le monde. L'innovation est le moteur d’Etix Everywhere. Nous allouons une partie importante de notre budget à la R & D. Après le capital humain, c’est notre capital le plus précieux et cela n’est pas possible sans des collaborateurs qui apportent leur créativité et une grande connaissance technologique. Ici, nous encourageons chacun à apporter tout son savoir-faire, ses idées, même les plus folles, et à les partager. Ici, chacun est une petite start-up dans la start-up !

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d’activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?
Ce serait tout changer, et en permanence ! Il faut vraiment réinventer le monde qui nous entoure, changer les mentalités et l’échelle de nos valeurs. Il ne faut plus que nous ayons peur de notre ombre, car bien souvent nous sommes trop dans la réalité et pas assez dans le rêve et nous n’osons pas investir ou créer car nous nous posons trop de limites. De plus, pour avoir créé ma première entreprise à 13 ans, je peux dire que c’est grâce à mes échecs que j’ai pu toujours me lancer dans d’autres projets. L’échec doit être un vecteur de réussite et ne plus être considéré comme un frein !

 

Texte : Corinne Briault - Photos : Pierre Guersing