Visites d'entreprises
(De g. à dr.) Robert Dennewald, président des Chaux de Contern ; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce ; Eric Kluckers, directeur général de la Chambre de Commerce ; Edith Stein, Affaires Internationales Chambre de Commerce et An

A près de cent ans, la société Contern SA Lëtzebuerger Béton s'est forgé une solide réputation dans le secteur du génie civil, du gros œuvre et des aménagements extérieurs au Grand-Duché et à l'international.

L'histoire de Contern SA débute sous le nom de Chaux de Contern, société fondée en 1923 par Paul Rischard et son beau-frère Louis Roussel, et soutenue financièrement par quelques personnalités issues du monde sidérurgique luxembourgeois. Grâce à trois fours construits dans son usine, Paul Rischard a pour projet de produire de la chaux hydraulique provenant d'extractions de carrières de calcaire locales. La production de chaux n'est pas une nouveauté en soi au Luxembourg, le pays compte en effet à cette époque de nombreuses petites unités de production, mais Paul Rischard est le premier à la produire de manière industrielle. L'usine de Contern emploie jusqu'à 500 personnes à certaines époques.

A partir des années 1990, les Chaux de Contern connaissent de multiples changements de direction: elles passent ainsi sous le giron de l'Arbed, qui les revend au groupe allemand Dyckerhoff, lui-même repris en 2004 par le cimentier italien Buzzi Unicem. L'entreprise repasse sous pavillon luxembourgeois en 2010, lorsque Robert Dennewald, président des Chaux de Contern depuis 1996, en devient le nouvel et principal actionnaire. Au cours des cinq dernières années, grâce à d'importants investissements, l'usine a connu une profonde modernisation, qui s'est également concrétisée par le changement de nom de l'entreprise, désormais appelée simplement Contern SA.

Rencontre avec Eric Kluckers, directeur général.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Tout au long de notre histoire, nous avons toujours su nous renouveler et nous continuons sur cette ligne. Ces dernières années, nous avons beaucoup investi pour moderniser nos outils de production. Nous misons aussi énormément sur la recherche et le développement. Dans ce cadre, en collaboration avec l'Uni et le List et avec le soutien du ministère de l'Economie, nous travaillons sur de nombreux projets touchant à des domaines tels que les matériaux biosourcés, le recyclage ou l'économie circulaire. Puis, nous travaillons également sur de nouvelles gammes de produits pour les aménagements extérieurs pour particuliers, que nous souhaitons aussi exporter sur les marchés régionaux, Allemagne et Lorraine. Dans cette optique, nous sommes amenés à changer notre politique commerciale dans le sens où nous cherchons maintenant à nous associer plus étroitement aux négociants en matériaux au lieu de vendre en direct aux poseurs.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Le métier de la préfabrication est saisonnier et très dépendant des chantiers publics. Il nous a donc fallu trouver un deuxième pilier d'activités. Nous avons ainsi créé et aménagé un Business Park d'une surface de 8 hectares sur des terrains qui n'étaient pas utilisés. Depuis 2 ans, le Business Park Contern accueille des entreprises aux activités très diverses, comme Dussmann, Mateco, Pro actif ou encore Hifi International. Le site a ainsi totalement changé de vocation et d'aspect et cela nous permet également de trouver des synergies avec notre activité de fournisseur de matériaux.

Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?

Il y a d'abord celui des matières premières. Le béton est composé de graviers, de sable, de ciment, d'eau et d'adjuvants. Pour des raisons de coût liées au transport, nous nous fournissons au Luxembourg, or le pays manque de ces matières premières, qui, du coup, sont chères et rares. Il nous faut donc trouver des alternatives ou penser à recycler pour réintroduire ces produits dans les processus de fabrication. Un autre défi consiste à s'adapter rapidement aux modes de construction qui changent et aux réglementations qui deviennent très exigeantes. Enfin, nous devons faire face à une importante concurrence étrangère qui concerne tant les fabricants que les poseurs et les concepteurs.

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?

Notre part de marché à l'étranger est faible car souvent, les autorités des pays protègent leur industrie nationale. Par contre, nos concurrents étrangers n'ont pas de mal à travailler ici. Bien souvent les architectes ou paysagistes internationaux ont pour leur projet une ligne tellement restrictive que cela exclut d'office les produits locaux lors des soumissions et appels d'offre. Avec la Chambre de Commerce nous pourrons exiger que ces soumissions soient rédigées de façon plus neutre afin de permettre aux entreprises locales de participer et de ne privilégier aucune partie.

En bref :
1923 : création des Chaux de Contern
1990 : Les Chaux de Contern sont prises par Ciments Luxembourgeois
1994 : Reprise par Dyckerhoff 2003 : Reprise par Buzzi Unicem
2006 : Les Chaux de Contern redeviennent luxembourgeoises
2010 : Robert Dennewald devient actionnaire majoritaire

Texte: Corinne Briault - Photos Pierre Guersing