L'enseignement secondaire appelle une réforme profonde

Avis de la Chambre de Commerce

La Chambre de Commerce vient de rendre son avis sur le projet de loi n°7074 portant réforme de l'enseignement secondaire et secondaire technique.

La Chambre de Commerce souligne depuis toujours l’importance du système d’éducation et de formation en tant que vecteur de progrès économique et social. L’enjeu de la réforme de l’enseignement secondaire est donc de taille, car il s’agit d’instaurer un système scolaire capable de préparer au mieux les élèves à leur future vie professionnelle et à leur futur rôle actif dans la société.

Cette ambition légitime présuppose des adaptations substantielles du système éducatif actuel, notamment d’un point de vue pédagogique et organisationnel.

L’exposé des motifs consacre un chapitre aux ambitions de la loi. On peut y lire que le gouvernement souhaite promouvoir un système qui, selon le principe «écoles différentes pour élèves différents », tient compte de la grande diversité des populations d’élèves afin d’amener chacun, en fonction de ses besoins, au maximum de ses capacités et donner à tous la chance d’obtenir une qualification. L’enjeu ainsi identifié est de taille ; il s’agit d’amorcer les changements menant vers le lycée du futur, à même de répondre aux défis du 21è siècle.

D’emblée, la Chambre de Commerce tient à relever les avancées dans un certain nombre de domaines tels que le renforcement de l’autonomie des lycées, l’apprentissage plus flexible des langues et des mathématiques dans l’enseignement secondaire technique, l’introduction d’une nouvelle section « Informatique et Communication » (Section « I »), ou l’introduction de nouveaux instruments d’encadrement des élèves à besoins éducatifs spécifiques et particuliers.

Toutefois, elle doute que les multiples mesures préconisées par les auteurs du projet de loi puissent durablement contrecarrer les faiblesses quasi récurrentes du système d’enseignement secondaire, notamment les résultats mitigés obtenus lors des tests d’évaluation nationaux et internationaux, le système d’apprentissage des langues qui reste toujours trop rigide, la préparation trop timide au monde digital, le redoublement et le décrochage scolaire trop fréquents.

La Chambre de Commerce préconise une refonte structurelle profonde, voire une mise à plat de l’enseignement secondaire classique et technique, qui s’inscrive dans une logique ambitieuse de démarche participative visant à créer au Luxembourg un enseignement d’excellence, délesté des lourdeurs du passé, innovant, ouvert et capable de préparer tous les élèves aux défis du 21ème siècle. Pour cela, elle identifie quatre leviers :

  • Considérant les transformations majeures auxquelles le Luxembourg devra faire face dans les années à venir, la Chambre de Commerce estime que la réforme doit intégrer une véritable stratégie de développement du système d'enseignement secondaire et ce en concertation avec les différentes parties prenantes. Or, le projet de loi sous avis semble s'inscrire davantage dans une logique d’initiatives ponctuelles des gouvernements successifs, sans permettre d’entrevoir une vision cohérente et holistique.
  • La Chambre de Commerce préconise un enseignement qui tienne compte de façon rigoureuse des exigences du monde du travail et qui crée des liens systématiques avec ce dernier, tout en favorisant le développement d'un comportement autonome et responsable des jeunes. Elle regrette en particulier que l’occasion n’ait pas été saisie dans le cadre de la réforme pour organiser la complémentarité entre la formation en entreprise et l’enseignement secondaire, ce qui permettrait notamment de mieux répondre aux problématiques du décrochage scolaire et du chômage des jeunes. Enfin, elle plaide pour l'enseignement des compétences liées à l'entrepreneuriat et à la digitalisation, et ce au-delà de l'introduction d'une section « I », « Informatique et communication » telle que prévue par le projet de loi.
  • Un système d'enseignement de qualité est conditionné par l’existence d'un dispositif d'évaluation et de suivi à différents niveaux des enseignants et équipes de direction des lycées. Dans ce contexte, la Chambre de Commerce plaide pour un système moderne d'évolution des carrières basé sur les principes du mérite et de compétences démontrées. En outre, elle souhaite une plus grande ouverture de l'enseignement aux professeurs étrangers ainsi qu'une implication plus systématique d’experts de l'économie au niveau de l'enseignement de certaines matières.
  • La Chambre de Commerce accorde une importance particulière à l’enseignement des langues. Tout en soulignant l'atout exceptionnel que représente le multilinguisme pour le Luxembourg, elle insiste sur la nécessité d'un système d'enseignement des langues plus flexible, qui tienne compte de la réalité du marché du travail ainsi que des défis auxquels le Luxembourg est confronté en termes d'intégration. Bien que le projet de loi sous avis propose certaines améliorations, la Chambre de Commerce estime que la réforme devrait aller plus loin en vue de l’implémentation d’un système d’enseignement des langues à plusieurs niveaux pédagogiques, et ce pour tous les ordres de l’enseignement.

La qualité du système éducatif conditionnant en grande partie le progrès sociétal et l’apport d’une main d’oeuvre bien formée étant capital pour la réussite économique des entreprises luxembourgeoises, la Chambre de Commerce souhaite s’investir utilement dans la démarche réformatrice de l’enseignement secondaire au Luxembourg.

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