Séminaire

Le 25 mai dernier, la Chambre de Commerce a organisé un séminaire dédié aux opportunités d'affaires au Maroc, en collaboration avec son Conseiller Économique et Commercial belge basé à Casablanca. Cet événement avait pour objectif de présenter les grands agrégats de l'économie marocaine et d'informer les sociétés luxembourgeoises des opportunités d'affaires à saisir. Le Maroc est un pays de 35 millions d'habitants, 6ème PIB en Afrique, 2ème investisseur africain sur le continent, avec un taux de croissance qui atteint aujourd'hui 4,8%. Fort de ces performances couplées à une situation politico-sécuritaire stable, le Maroc a des arguments de taille pour non seulement rassurer, mais aussi encourager les investisseurs étrangers.

Dans son mot de bienvenue, M. Jeannot Erpelding, Directeur des Affaires Internationales de la Chambre de Commerce, a rappelé les diverses initiatives que la Chambre de Commerce met en œuvre chaque année pour encourager les entreprises luxembourgeoises à considérer sérieusement le marché marocain dans le développement de leurs activités à l'international. Il a évoqué, entre autres, la mission officielle au Maroc organisée en 2015, présidée par LL.AA.RR le Grand-Duc héritier et la Grande-Duchesse héritière et menée par le ministre de l'économie et vice-premier ministre, Etienne Schneider. Cette mission, qui a marqué la volonté du Grand-Duché de renforcer les liens économiques avec le Maroc, a permis aux entreprises luxembourgeoises participantes d'initier de nouvelles collaborations avec des partenaires d'affaires marocains et certaines d'entre elles ont déjà porté leurs fruits. Deux exemples concrets ont été présentés au public en dernière partie de programme.

En outre, M. Erpelding n'a pas manqué de saluer l'efficacité et le soutien sans faille des partenaires locaux de la Chambre de Commerce, à savoir la Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgeoise au Maroc (CCBLM), M. Atman Haloui, Consul honoraire du Luxembourg à Casablanca et M. Takis Kakayannis, Conseiller Economique et Commercial belge AWEX basé à Casablanca, qui, tous ensemble, forment une équipe complémentaire sans laquelle de telles performances ne pourraient être atteintes.

Côté marocain, M. Hassan Touri, Consul Général du Maroc à Liège en charge du Grand-Duché de Luxembourg, a ouvert le séminaire en se montrant tout d'abord rassurant en citant feu S.M. le Roi Hassan II : " Le Maroc est un pays dont les racines sont en Afrique mais dont le feuillage est en Europe ". En effet, le Maroc considère l'Europe comme son plus proche voisin et dispose de la plus grande des garanties et des meilleurs atouts pour tout investisseur et tout capital, à savoir la stabilité politique, la paix et la sécurité grâce à des réformes qui ont connu une cadence accélérée depuis l'accession au trône de S.M. le Roi Mohamed VI en 1999. Le point d'orgue de cet élan réformiste est l'adoption d'une nouvelle constitution en 2011 garantissant au Maroc une paix et une quiétude, alors que le Printemps Arabe frappait au même moment la majorité des pays de la région. Tous ces efforts ont permis de positionner aujourd'hui le Maroc comme une destination sure avec un environnement des affaires favorable au tourisme, aux échanges commerciaux, aux investissements ainsi qu'aux opportunités de coopération et de développement.

Avant de conclure, M. Touri a fait savoir à l'audience que le Maroc avait mis en place durant la dernière décennie de nouvelles politiques sectorielles basées sur des avantages comparatifs qui sont, entre autres, le tourisme, l'agriculture, la logistique, les énergies solaire et éolienne, le numérique, l'écosystème industriel et le plan d'accélération industriel dont 14 contrats de performances ont déjà été signés (industries automobile, aéronautique, pharmaceutique, cuir, textile, offshoring, agroalimentaire et industrie des phosphates).

Les entreprises luxembourgeoises qui souhaitent pleinement profiter de ces opportunités d'affaires et être accompagnées sur place ont aussi la possibilité de solliciter l'aide et l'assistance de M. Takis Kakayannis, Conseiller économique et commercial belge basé à Casablanca. Spécialement venu à Luxembourg pour rencontrer les entrepreneurs luxembourgeois actifs sur le marché marocain ou en passe de le devenir, à l'occasion de la " Journée d'Opportunités d'Affaires-Maroc " organisée dans l'après-midi, M. Kakayannis en a profité pour prodiguer à l'audience quelques bons conseils quant aux habitudes commerciales et aux différences culturelles dans ce grand pays qui offre des opportunités dans de nombreux secteurs en pleine ébullition. Les participants retiendront qu'il est primordial de bien bâtir sa stratégie avant d'attaquer le marché marocain et de se lancer sans se ruiner en évitant l'erreur courante des faux calculs : bien que le Maroc soit un pays de l'hémisphère sud, les prix y sont parfois comparables à ceux de l'Europe (dans l'immobilier, p. ex.). Aussi, pour se rendre réellement compte du marché, il encourage les sociétés à se rendre au Maroc et à participer aux missions économiques qu'organise la Chambre de Commerce. Visiter les salons professionnels est également une excellente alternative pour voir, sentir, connaitre la réalité du terrain, s'habituer aux goûts et aux habitudes locales afin de mieux aborder le marché.

Bien que les entreprises chinoises, égyptiennes et turques soient très agressives sur le marché marocain et restent de sérieux concurrents potentiels, M. Kakayannis a confié que le " Made in Europe " restait très apprécié des Marocains au niveau industriel et équipement avec une qualité qui n'est plus à prouver et un service de maintenance garanti. Le Luxembourg a donc une carte à jouer avec, entre autres, un " Made in Luxembourg " qui lui confère un avantage concurrentiel comparé aux autres pays plus lointains. M. Kakayannis a conclu en rappelant que le contact humain était très important au Maroc où le business est personnalisé car " ce n'est pas en une visite que l'on crée de la confiance ou que l'on crée du business, il faut se déplacer et maintenir la communication ". S'adapter à la culture marocaine est indispensable pour y réussir ses affaires. Charles-Emmanuel de Ribaucourt de l'Office du Ducroire (ODL) a quant à lui brièvement exposé l'analyse de risque effectuée sur le Maroc. L'ODL attribue la note de 2 sur une échelle allant de 1 à 7 pour des projets à court terme, ce qui représente un risque très faible (à titre de comparaison, l'Algérie se trouve également classé en risque 2 et la Tunisie en risque 4). Au niveau des paiements, l'ODL n'a encore jamais eu à indemniser un exportateur luxembourgeois au Maroc. Le pays demeure un des excellents " élèves de la classe ". Il a ensuite expliqué comment fonctionnent les solutions d'assurance-crédit pour minimiser les risques liés aux activités d'export, quelle couverture est proposée par l'Office du Ducroire en ce sens et a présenté le COPEL (Comité pour la promotion des exportations luxembourgeoises) qui attribue des aides financières pour des activités à l'international (tenue d'un stand à l'étranger ou traduction d'une brochure par exemple).

M. Aziz Zenasni, Directeur des Programmes au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a fait le point sur les perspectives de co-développement que voit le LIST entre le Luxembourg et le Maroc en termes d'innovation et plus précisément en termes d'innovation technologique. Pour M. Zenasni, il ne faut pas " vendre " de l'innovation au Maroc, il faut la " co-développer ". Le LIST voit les principaux axes de développement autour du digital, des écotechnologies, de la mobilité et de la santé.

Le Maroc et le Grand-Duché partagent tous deux l'ambition de diversifier leur économie, notamment à travers l'innovation, pour se différencier de la concurrence. Le Maroc a la ferme volonté de se diversifier et d'aller vers des marchés à forte valeur ajoutée. Le Luxembourg, qui s'inscrit dans le top 15 des pays les plus innovants au monde (devant la France, le Japon, la Chine, l'Espagne) représente dès lors une terre d'accueil pour les start-up, les entreprises marocaines qui veulent se lancer sur le marché européen. Et inversement, le Maroc, qui veut se positionner en tant que plate-forme de développement en Afrique, constitue pour les entreprises luxembourgeoises une porte d'entrée sur l'Afrique (Maghreb et Afrique sub-saharienne).

Enfin, la parole a été donnée à deux entreprises luxembourgeoises actives au Maroc. M. David Chquiry, Senior Director of Technology, société NeoTechPro et M. Christophe Bianco, Managing Partner, Excellium Services ont été unanimes : leur participation à la mission officielle au Maroc en 2015 leur a été très profitable et déterminante pour rencontrer les bons interlocuteurs et aboutir aux success stories qu'ils ont exposées lors de ce séminaire. En tant que Luxembourgeois, ces entrepreneurs ont aussi reconnu avoir profité de la bonne image qu'ont les Marocains du Luxembourg : un petit pays, neutre, tranquille, sérieux. Aussi, tous deux ont confirmé qu'il était absolument nécessaire et indispensable de suivre certains codes au Maroc pour y faire du business, comme l'a souligné M. Kakayannis lors de son intervention : se déplacer, observer, comprendre, s'adapter, respecter la culture, établir une relation de confiance avec son partenaire marocain et surtout maintenir la communication et garder une présence sur place.

M. Erpelding a clos l'événement en remerciant les orateurs ainsi que les entreprises qui ont témoigné de leur expérience pourtant faite " au hasard, alors que l'occasion se présentait " au Maroc. Or, la Chambre de Commerce œuvre en ce sens, à parfois provoquer ces hasards sur des marchés profitables à travers les activités qu'elle organise pour ses membres.

La Chambre de Commerce organisera un stand collectif et/ou une visite accompagnée au salon Med-IT One to One à Skhirat (Maroc) les 27 et 28 novembre 2018.

Pour des plus amples informations sur cette manifestation ou sur les activités organisées au Maghreb, veuillez contacter Mme Sabrina Aksil/M. Thomas Bertrand ; Tel. : (+352) 42 39 39 - 374/337/310 ; e-mail : maghreb@cc.lu