Hôtel des Nations - Cinq générations au service de l’hospitalité

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Anne-Marie Loesch, responsable stratégie et coordination, Chambre de Commerce; Tim Eitjes et Isabelle Winkin, Hôtel des Nations; Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce; Yves Karier, Guichet unique PME Nord L’hôtel est aux mains

L'histoire de l'Hôtel des Nations débute en 1865, lorsque les époux Jacques Kohner et Elisabeth Alf ouvrent une auberge de quelques chambres près de la Stékaul, la carrière de Clervaux. Une gare est en construction à deux pas de l'établissement qui logiquement va prendre le nom d'Hôtel de la Gare.

La mise en service de la ligne de chemin de fer permet pour la première fois au train de traverser la ville de Clervaux. Les marchands qui se rendent chez les agriculteurs de Clervaux et ses alentours profitent dès lors de la promixité de l'hôtel pour y passer la nuit. L'hôtel connait ensuite une deuxième vague de visiteurs après que l'abbaye bénédictine de Clervaux voit le jour au début du XXè siècle.

A partir de 1909, des pélerins du monde entier rejoignent Clervaux et beaucoup voyagent en train. Ils en profitent pour faire une halte à l'Hôtel de la Gare, qui devient rapidement un lieu où se côtoient différentes cultures et où l'on parle une multitude de langues. Jusqu'au début des années 1930, l'hôtel est une petite maison cossue avec peu de chambres.

En 1935, une série de travaux débutent pour faire édifier un nouvel immeuble de style Bauhaus. C'est ce style si particulier qui caractérise encore aujourd'hui l'hôtel. Le nouvel établissement comporte alors 25 chambres, réparties sur trois étages, chacune équipée de toilettes et d'une salle de bains avec baignoire: des installations très modernes pour l'époque.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l'hôtel subit une explosion dans son grenier et est partiellement détruit. Les Allemands et les Américians investiront successivement l'hôtel, tandis que la famille doit vivre dans les caves pendant plusieurs mois.

A la fin des années 1960, un prêtre belge fait escale à l'hôtel avec son perroquet ramené du Congo. Il y laisse l'oiseau pour quelques jours, mais Coco le perroquet y séjournera en réalité plus de 40 ans. Véritable attraction à l'hôtel, Coco répéte tout ce qu'il entend, ce qui lui vaut de belles anecdotes: l'oiseau imite tellement bien le coup de sifflet du contrôleur sur le quai de la gare tout proche que parfois le train part en avance !

En 1970, l'hôtel qui a déjà plus de 100 ans connait une nouvelle phase de travaux. 25 nouvelles chambres sont ajoutées et il prend le nom d'Hôtel des Nations. Jusque dans les années 1980, des soirées dansantes sont organisées le samedi à l'hôtel. Il devient le point de rencontre de nombreux jeunes gens de la région qui se rendent à ces bals réputés où le tout Oesling apprécient Teddy Heinen, les "Challengers" ou les légendaires "Pastaschutta an Ënnenzopp".

En 1988, Isabelle Winkin reprend l'établissement qu'elle tient de ses parents Charlotte Kails et Jos Winkin. L'hôtel est aux mains de la même famille depuis cinq générations. Il est alors complétement rénové pour accueillir en 1997 un ascenseur et une grande pièce moderne au 4e étage où les visiteurs prennent désormais leur petit-déjeuner.

L'Hôtel des Nations a célébré ses 150 ans en 2015. Bénéficiant de tout le confort moderne, il dispose également d'une brasserie, le Bistro 1865, qui quatre ans à peine après sa création, s'est vu décerner un Bib Gourmand par le guide Michelin.

Entretien avec Isabelle Winkin, responsable.

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Nous réfléchissons à un projet d'aggrandissement du Bistro 1865 et au renouvellement de la salle des banquets qui se situent chacun de part et d'autre de la réception de l'hôtel, ce qui est problématique. Il nous faut entièrement repenser ces espaces pour proposer un projet agréable et pratique aux visiteurs qui nous engagera pour quelques années.

Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière ?

La reprise l'hôtel à la suite de mes parents et sa rénovation pour en faire ce qu'il est aujourd'hui : un hôtel de 50 chambres parfaitement équipées, bénéficiant de tout le confort moderne, avec un ascenseur, une belle salle des petit-déjeuners et un centre spa-wellness. Puis, après la rénovation du Bistro 1865, avoir reçu le BIB Gourmand des inspecteurs du guide Michelin, qui distingue les restaurants offrant des plats de qualité à un prix modéré. C'est une belle récompense pour notre travail, pour le cuisinier, l'équipe et moi. Nous proposons une cuisine de qualité avec des produits locaux, du terroir, et c'est ce travail qui est récompsensé. C'est une petite fierté !

Quels sont les grands défis auxquels vous devez faire face dans votre secteur d'activité ?

Notre plus grand défi pour l'avenir, ce sera de répondre aux demandes des clients et de gérer les investissements qui en découlent. Les besoins et les standars de l'hôtellerie évoluent et ne sont plus les mêmes qu'il y a dix ans. Des installations telles que des spas, des jardins, la situation de l'hôtel, ses alentours, par exemple pour nous la modernisation et les aménagements de la gare proche, comptent beaucoup et sont très couteux, notre localisation ne nous permet pas forcément d'y répondre. Il nous faudra réflechir et trouver des solutions pour nous adapter aux nouvelles attentes des futurs clients.

Puis, à l'heure où tout le monde est connecté sans cesse sur le web, nous devons faire face à des personnes qui donnent des avis négatifs sur tout. Gérer ces avis négatifs est un défi. Apprendre à ne pas réagir émotionnellement en laissant parler la colère, la frustration et l'imcompréhension dans de tels cas est très difficile.

Si vous pouviez changer une chose dans votre secteur d'activité, quelle serait-elle ? Que pourrait faire la Chambre de Commerce en ce sens ?

Nous sommes le secteur le plus exposé et comme je l'ai dit, avoir la possibilité de gérer et de répondre à tous les commentaires négatifs et malveillants dont nous sommes victimes sur le net serait un plus. Puis, ce serait de nous donner les moyens de recruter et surtout de garder du bon personnel.

Texte: Corinne Briault - Photos: Pierre Guersing - Hôtel de Nations